C’est quoi le bonheur ? Le bonheur semble le nouveau Graal de notre période. Cependant, plus nous le cherchons, plus il semble se dérober. C’est tout le sens du très bel ouvrage « Eloge de la lucidité » de Ilios Kotsou. Beaucoup d’entre nous cherchent un bonheur idéal, impossible à atteindre avec une vie sans souffrance, des émotions toujours positives, une estime de soi sans faille et un épanouissement personnel constant; en fait des mirages qui nous rendent un peu trop tournés sur nous même et nous font perdre de vue que même avec les « ennuis » du quotidien nous avons tous la possibilité d’être heureux. Nous sommes nombreux en quête d’une réalisation intérieure qui mène le plus souvent au purgatoire du désenchantement, ou pire aux enfers de la dangereuse illusion individualiste de se croire unique, hors d’une société que l’on rejette mais, qu’à sa manière, l’on fait si bien fonctionner. Pour beaucoup, le slogan « il faut être positif » mène bien souvent à de terribles impasses et nous conduit à tous ces aspects négatifs que nous refoulons au plus profond de nous. La première illusion, affirme le philosophe Matthieu Riccard, consiste à chercher le bonheur comme s’il constituait une sorte d’entité autonome semblable au gros paquet cadeau que les enfants attendent avec impatience à l’approche de Noël. Or le bonheur n’est pas une « chose », mais un processus dynamique, un fruit qui mûrit grâce à une myriade de causes et de conditions, un sentiment de plénitude et d’accomplissement qui émerge d’un ensemble de qualités dont certaines dépendent des conditions extérieures, tandis que d’autres résultent de vertus que nous avons — à des degrés divers — la faculté de cultiver : la liberté intérieure, la force d’âme, la bienveillance, ainsi qu’un ensemble de capacités, de ressources intérieures qui nous permettent de gérer les hauts et les bas de l’existence. Il y a beaucoup de naïveté, en particulier, à s’imaginer que seules les conditions extérieures vont assurer notre bonheur. On pourrait s’attendre à ce qu’une gloire ou une richesse soudaine exauce tous nos souhaits, mais il arrive le plus souvent que la satisfaction procurée par de tels événements soit de courte durée et n’augmente en rien notre bien-être. Une étude a montré par exemple que la majorité des gagnants à la loterie ont connu une période de jubilation à la suite de leur bonne fortune mais, qu’un an plus tard, ils étaient retombés à leur degré de satisfaction habituel, voire plus bas. Philippe Clay dans sa chanson « Mes Universités » explique que ses universités ce n’était pas Jussieu, ni Nanterre mais le pavé de Paris, celui de la guerre. Il parle des difficultés qu’il rencontrait pour trouver à manger et que, malgré toutes les restrictions qu’il rencontrait, pour lui cela s’apparentait à un bonheur, celui d’avoir 20 ans au cœur de cette horreur : la guerre. « On parlait peu de marxisme, encore moins de maoïsme, le seul système était le système D, D comme débrouille-toi, D comme démerde-toi » mais malgré la misère, quel bonheur dans cette chanson ! Dans un autre registre sur le bonheur, voyez le témoignage d’Etty Hillesum, cette jeune femme qui trouva le bonheur et la paix dans l’horreur d’un camp d’extermination. Et si on passait un moment de bonheur avec les Compagnons de la chanson… « Je suis le marchand de bonheur » Acteur-Nature