Toxique ma plante ? Photo PocheTroc – C’est un nouvel épisode de notre série « Toxique ma plante »! Les partisans des produits naturels oublient bien volontiers que la nature n’est pas forcément un lieu où il fait bon vivre et consommer, pour preuve: Les poisons végétaux Curieux personnage que ce Graham Young, un anglais né en 1947. Sa mère était morte à sa naissance et son père se remaria. Qu’est-ce qui lui prit pour qu’à 14 ans il puisse contempler sa belle-mère se tordant dans les convulsions de l’agonie, empoisonnée qu’elle était à l’atropine. Dans le même temps, il étudia les effets de la belladone sur son père et un camarade de classe. A la réunion de famille qui suivit les obsèques de sa belle-mère, il versa du poison dans le verre d’un parent. C’est par vanité, qu’il étala toutes ses étonnantes connaissances en toxicologie dans le domaine botanique et fit donc état de ses expériences. On l’arrêta et on l’interna dans un institut pénitencier psychiatrique. Quelque temps après son internement, un prisonnier proche mourut terrassé par le cyanure. Il semble que des buissons de laurier rose qu’il aurait arraché auraient fourni la matière première. Même si les moyens de distiller le poison ne manquaient pas sur place, personne n’accusa Graham, même quand la rumeur courut qu’il avait trouvé des baies de belladone et avait ainsi empoisonné le cacao de l’établissement. A sa libération, 10 ans plus tard, il accéda à un emploi dans une société de produits chimiques (un comble!) qui trouva bientôt ses employés touchés par une épidémie foudroyante. Lui seul resta immunisé, alors que 2 collègues moururent et 6 autres en subirent les séquelles pendant de longs mois. Quand vint son procès, il afficha au tribunal une indifférence vraiment pathologique. Il voulait figurer dans un livre des horreurs à l’égal des plus grands criminels nazis…Son internement fut promulgué à vie et cela à l’âge de 25 ans seulement. Les indiens d’Amazonie, pourvoyeurs de grands secrets sur les plantes toxiques… Au dix septième siècle, c’est un explorateur du nom de Walter Raleigh qui découvrit une composition seulement connue des indigènes sous le nom d’urari. Quelle fantaisie lui prit pour qu’il s’en frotta une quantité infime sur une égratignure qu’il venait de se faire ? Il s’effondra alors sur le sol, en proie à des vertiges qui durèrent une heure. Sa chance fut que cette mixture ne contenait qu’un faible dosage d’un poison que les européens baptisèrent curare. Si notre explorateur avait pris une dose plus forte, il aurait été mort sur place… Fascinantes propriétés que ce produit fait par armes de jet ! Pourtant, l’usage des flèches contenant des poisons semble remonter aux fonds des âges. Ce qui est surprenant c’est que le mot « toxique « vient du grec toxicon qui lui remonte au mot toxon qui indique la flèche, l’arc. L’art d’empoisonner par ce mode était courant chez nos ancêtres Celtes et il n’est pas surprenant que cet art guerrier ce rencontre un peu dans tous les coins du globe. Il est tout à fait exact que l’efficacité du poison curare est exceptionnelle et les indiens d’Amazonie le classaient selon sa concentration en « un arbre » « deux arbres » selon la distance qu’un singe pouvait parcourir entre le moment où la flèche l’avait atteint et celui où il tombait mort. Pour les indiens, ces flèches empoisonnées ne servaient pas uniquement pour la chasse mais aussi pour la guerre. On peut penser que nombre d’explorateurs disparus dans ces contrées, en ont été victimes. La composition du poison pouvait réunir jusqu’à 40 à 50 espèces d’essences de plantes différentes, minutieusement dosées en fonction du gibier visé et de l’effet escompté. Ce dosage était d’autant plus difficile que la toxicité de certaines plantes variait avec la saison et le lieu. On traite ces populations de sauvages, au nom de quoi le fait-on alors qu’elles possèdent des secrets que l’on est seulement en train de découvrir…. Après sa blessure, notre explorateur comprit vraiment l’intérêt que présentait ce fameux curare pour la pharmacie d’alors…..Cependant, il fallut encore quelques décennies pour qu’un botaniste nommé Charles Waterton, en 1815, démontra que le relâchement des muscles et des nerfs provoqués par le curare était plutôt génial en cas de chirurgie, bien entendu dans la mesure où l’on pouvait éviter l’asphyxie liée à la paralysie du système nerveux. Très rapidement, on employa le curare dans le traitement du trismus puis dans des maladies comme l’épilepsie et même la polio… Actuellement, on utilise le curare en chirurgie puisque le danger d’asphyxie est écarté par une respiration assistée par appareil sous anesthésie. Les laboratoires ont su retirer du curare de diverses espèces de plantes nommées struchnos et chondodendron. Ils font également appel à d’autres poisons de ce genre telle la strophantine qui est souveraine en cardiologie, remplissant le même rôle que la digitale. Elle est extraite d’une liane, la strophantus, d’où les tribus d’Afrique tirent le poison de leurs armes. Voyez cependant tout le profit que l’on a pu tirer de ces poisons qui comme pour l’homéopathie sont devenus de puissants agents de santé qu’on utilise quotidiennement dans les hôpitaux… Alors toxique ma plante vous a plut ? Rendez-vous pour un prochain épisode… Roland Reymondier Conseiller en produits de nutrition (pas en poisons!) Articles précédents de notre série : – « Toxique ma plante » – « Toxique ma plante«