Abeilles et néonicotinoïdes: les sénateurs bottent en touche ! Photo notre planète info – Les sénateurs seraient-ils victimes eux aussi des néonicotinoïdes paralysant le système nerveux des abeilles pour les exterminer? Affecteraient-ils aussi le cerveau de nos élus ? La semaine dernière, au coeur du Sénat, en deuxième lecture du texte: « faut-il ou non interdire les insecticides néonicotinoïdes pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs« , la réponse a été sans appel: NON. Le sénat a simplement évoqué le fait qu’il pourrait y avoir une simple diminution de l’utilisation de cet insecticide tueur d’abeilles et c’est tout. Pourtant, les députés avaient tranché en mars dernier en décrétant une interdiction totale des néonicotinoïdes à partir de septembre 2018. Les sénateurs en ont décidé autrement, ils ont modifié l’amendement du gouvernement en supprimant la limite qui prévoyait en un premier temps leur interdiction à compter du 1er juillet 2020. Ne voulant pas endosser la responsabilité du retrait aux yeux des industriels qui élaborent ce poison, ils se sont réfugiés derrière les directives de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail. Ce serait à leurs yeux le seul organisme qui pourrait prendre la décision d’interdire à tout moment l’usage de néonicotinoïdes s’il s’avérait qu’ils présentent des risques pour la santé et l’environnement. Cette attitude correspond exactement à celle qui prévaut dans une rame de métro lorsqu’un individu agresse une femme et que dans ce wagon personne n’intervient sous prétexte que cela ne les regarde pas. Certes, les sénateurs ne sont pas scientifiques et ils veulent nous faire croire que, sur cette simple appréciation, ils ne peuvent nullement se prononcer . Ce positionnement ne satisfait pas Henri Clément, porte parole de l’Union nationale de l’apiculture française: « les néonicotinoïdes sont arrivés en France en 1994. Depuis lors, environ 300 000 colonies d’abeilles domestiques périssent chaque année (…) aujourd’hui, il y a plus de mille enquêtes scientifiques à charge contre eux. » En vingt ans, la production de miel hexagonal a été divisée par deux. Avant l’introduction des néonicotinoïdes, en 1995, les apiculteurs français produisaient plus de 30.000 tonnes de miel par an, et encore 20.000 en 2011. Tombée à un niveau historiquement bas en 2014, avec moins de 10.000 tonnes, elle est repartie à la hausse en 2015, selon l’Unaf, malgré une mortalité toujours élevée chez les abeilles. La France a produit l’an passé entre 15 et 17.000 tonnes de miel. Un volume encore insuffisant pour satisfaire la demande nationale : le pays doit importer massivement le miel qu’il consomme, soit environ 28.000 tonnes par an. Si nos sénateurs ont cette attitude, ne nous y trompons pas, les enjeux économiques sont énormes et pourquoi donc? La consommation de pesticides en France représente environ 110 000 tonnes par an, soit 100 000 tonnes utilisées en agriculture, auxquelles il faut ajouter environ 10 000 tonnes pour les autres utilisateurs. La France est le troisième consommateur mondial, après les Etats-Unis et le Japon et, de loin, le premier utilisateur de pesticides en Europe. Ces pesticides représentent un marché juteux , alors messieurs les sénateurs merci de préciser que vous êtes les alliés des entreprises qui nous polluent. Ce serait plus honnête de le reconnaitre. Acteur-Nature