Qu’est-ce-que l’intention paradoxale ? Photo site « Réussir ma vie » – La logothérapie en tant que pratique de vie : l’intention paradoxale (une technique de logothérapie) Actuellement, la peur est le symptôme global le plus répandu dans notre société. En fait, aucune technique psychologique ne peut vraiment en venir à bout si celle-ci est basée sur une éradication de cette peur. C’est en 1929 que Viktor Frankl l’expose pour la première fois dans un article scientifique. « Zur medikamentösen Unterstützung der Psychotherapie bei Neurosen », Schweizer Archiv für Neurologie und Psychiatrie, vol. 43, pp. 26-31 En 1947, il lui donne le nom « d’intention paradoxale » et il développe l’idée dans un livre de 1956 « Theorie und Therapie der Neurosen ». En fait, en tant que psychiatre, il avait observé qu’il y avait toujours un renforcement des phobies par la peur et des obsessions compulsives par la lutte, d’où des cercles vicieux qui aggravent et maintiennent les symptômes. Cette méthode vise à apprendre au patient à affronter cette peur en souhaitant ce qu’il redoute le plus. Frankl remarque que le phobique « craint quelque chose qui pourrait lui arriver », tandis que l’obsessionnel « craint quelque chose qu’il pourrait commettre ». Il a également l’intuition du renforcement des phobies par la fuite devant l’angoisse, et des obsessions-compulsions par la lutte contre l’obsession, d’où des cercles vicieux qui aggravent et maintiennent les symptômes. Il propose de briser ces cercles vicieux par la pratique de l’intention paradoxale. Alors de quoi va-t-il s’agir exactement? « On indiquera au patient de désirer ce dont il a toujours eu si peur (névrose phobique, ou de s’attaquer précisément à ce dont il a toujours eu peur (névrose obsessionnelle) « . Cette méthode originale vise donc à apprendre au patient à affronter sa peur en « souhaitant ce qu’il craint »; il s’agit d’orienter sa pensée vers un but paradoxal, souhaiter sa peur, ce qui paraît illogique, mais ce qui, en réalité, soigne très efficacement la peur ou l’obsession… L’intention paradoxale aboutit ainsi à une « inversion de chacune des intentions qui caractérise les deux schémas de réaction pathogène, à savoir l’évitement de l’angoisse et de l’obsession, par la fuite dans le premier cas, et par la lutte dans le second », explique-t-il dans son ouvrage de 1956. Peut-on avoir peur de sa peur? Cette pratique repose sur le paradoxe que si l’on se concentre entièrement sur le souhait de sa peur, celle-ci disparaît. Ce souhait agit ainsi comme un puissant «antagoniste» de l’angoisse, c’est-à-dire qu’elle bloque l’angoisse et la rend impossible. En orientant son intention vers le souhait de sa peur, on apprend à bloquer sa peur. On crée une véritable pensée paradoxale anxiolytique, qui « détruit la peur ». La peur n’est plus possible, à condition d’être entièrement orientée vers ce souhait paradoxal. Pas question ici d’hésiter entre la peur et le souhait de la peur… Il faut foncer en direction du souhait de la peur ! Par exemple la crainte de ne pas dormir : C’est souvent une crainte de rester sans dormir qui rend la personne incapable d’accéder au sommeil. Pour ne dépasser cette crainte particulière, Frankl conseillait à ses patients de ne pas essayer de dormir mais bien de faire le contraire, c’est-à-dire de rester éveillé aussi longtemps qu’ils le pouvaient. En d’autres termes, l’hyper intention de dormir, exacerbée par l’anticipation anxieuse de ne pas être en mesure de dormir, devait être remplacée par l’intention paradoxale de ne pas dormir, qui aura bientôt pour effet de provoquer le sommeil. Pour ce qui touche les phobies: elles déclenchent des symptômes et en retour ces derniers renforcent les phobies. Un enchaînement d’évènements analogue peut être observé dans le cas des troubles obsessionnels-compulsifs dans lesquels le patient lutte contre des idées qui le hantent. Ce faisant, cependant, il augmente leur pouvoir de nuisance, puisque la pression engendre une contre-pression. De nouveau le symptôme s’en trouve renforcé ! La loi de « l’effort converti »? Comme nous l’exprimions dans un article sur Coué : lorsqu’une idée s’est emparée de l’esprit au point de déclencher une suggestion, tous les efforts que l’on peut faire pour y résister ne servent qu’à l’activer. Ainsi, dans l’intention paradoxale on se dessaisit de soi pour être confronté à ce que l’on redoute et dès lors il n’y a aucun effort à fournir. On craint de rougir en public : aucune importance, on craint de mal réceptionner la crêpe lorsqu’on la fait sauter… on y va. On redoute de rencontrer quelqu’un, on s’expose et on se jette à l’eau (au figuré, bien sûr) Une personne qui souffrait d’un syndrome de jambe sans repos a vu son état s’améliorer considérablement parce qu’elle a non seulement pas cherché à lutter contre lui, mais s’est mise volontairement à l’accentuer en faisant de nuit des mouvements de danse alors que d’ordinaire elle cherchait à réprimander des mouvements involontaires. La logothérapie et l’essence de l’existence Tout d’abord s’imaginer que le présent est passé, et que l’on peut changer le passé ; ce qui amène à réaliser pleinement le caractère irrévocable de nos choix de vie et nous place devant la responsabilité que nous avons de ce que nous faisons de nos vies et de nous-même. Le logothérapeute aide à prendre conscience des responsabilités que nous avons et à la personne de choisir ce dont elle veut être responsable, envers quoi ou envers qui. Il ne s’implique pas quant à ses propres valeurs, il ne veut en aucun cas accepter la responsabilité des choix faits par la personne. Il aide cependant en la dirigeant à choisir des buts extérieurs à elle-même, plutôt qu’en elle-même. La logothérapie propose trois façons différentes de trouver un sens à sa vie : 1- À travers une œuvre à accomplir ou une bonne action à mener, qui favorise l’utilisation de ses potentialités et évite de rester dans une situation de passivité ou de victime. 2- En faisant l’expérience de quelque chose (la bonté, la vérité, la beauté) ou de quelqu’un (but à atteindre ou un être à connaître, expérience de l’amour véritable) avec l’idée de se transcender (« auto transcendance de l’existence humaine »). L’actualisation de soi devient possible lorsque toute notre énergie est dirigée vers un but externe à nous-même ; elle devient un effet secondaire de la transcendance de soi. 3- Par son attitude envers la souffrance inévitable ; quelque soit la souffrance et les circonstances qui l’entourent, il reste à l’être humain la liberté de choisir quelle sera son attitude : assumer ses souffrances, vivre jusqu’au bout et mourir dans la dignité. Le sens de l’amour : L’amour est la seule façon de saisir un autre être humain dans l’essence même de sa personnalité. Par l’amour on peut connaître les traits essentiels d’une personne, l’amener à découvrir ses possibilités cachées et même l’aider à actualiser ses potentialités. Le sens de la souffrance : Si la vie a un sens, il y a aussi un sens à la souffrance. En donnant une signification à sa souffrance, il est donné à l’homme de pouvoir s’élever au-dessus de ses valeurs, de se dépasser. La souffrance est inévitable et la façon de l’accueillir peut changer notre regard sur elle. Au lieu de se laisser submerger par elle, elle peut être comme un outil qui nous permet d’être transformé dans la trajectoire du sens que nous avons donné à notre vie. Petite note personnelle: Personnellement, j’ai connu l’intention paradoxale par mes lectures des ouvrages de Viktor Frankl dans les années 1980 et j’étais loin d’imaginer qu’il puisse exister un thérapeute en France qui puisse m’apporter un éclairage singulier. (livre Donner un sens à sa vie – Dr Frankl) En bien je me trompais, un psychiatre Français, le docteur Benoit Bayle prouve qu’en tant que psychiatre il obtient des résultats éclatants en pratiquant l’intention paradoxale. Il s’en explique dans ce document: http://benoit.bayle1.free.fr/QUOTIMED.pdf mais aussi : http://www.lareponsedupsy.info/Intentionparadoxale En ce moment même il prépare un petit ouvrage à l’intention des patients qu’il soigne. Je regrette une chose, ne pas l’avoir rencontré dans les années 70 et 80 où effectivement je me débattais avec une maladie nerveuse qui me faisait tellement souffrir ! Roland Reymondier