Perdre son ciel à la vitesse de la lumière Photo Astrolab Mont-Mégantic (Québec) – Perdre son ciel à la vitesse de la lumière©2017 Danièle Starenkyj Illuminer la nuit fut considéré comme un signe cardinal du progrès au XIXe siècle. Je me rappelle notre petit hameau en Alsace qui, un jour, non un soir, fut éclairé par un allumeur, non c’était une allumeuse, de réverbères… Je la vois encore allant à bicyclette d’un réverbère à l’autre – il devait ne pas en avoir plus d’une trentaine – s’y arrêter, y placer son échelle, y grimper, et – quel émerveillement – en allumer le bec à gaz. Des allumeurs de réverbères à la pollution lumineuse, il n’y a que quelques décennies. Mais amoureux des étoiles, observateurs des planètes, amis des animaux – des papillons, et autres insectes, des oiseaux migrateurs, des chauves-souris, des amphibiens qui sont tous gravement perturbés par la lumière artificielle – poètes, médecins – une société 24h/24 prive les humains de la juste observance de la loi de la vie qu’est un bon sommeil de 7 à 8 heures par nuit — s’inquiètent maintenant, et agissent pour que notre monde retrouve ses nuits noires. Dans un premier temps, on demande que la lumière diffuse des villes soit modifiée et orientée vers le sol, là où on en a besoin, et non lancée vers le ciel. On parle aussi de lumières ambrées et non plus de lumières bleues. En Suisse, un tribunal fédéral a décidé d’éteindre les lumières ornementales à 22 heures. Et tout autour du monde – mais le mouvement est jeune – on réserve des « parcs aux étoiles ». Le Québec a le privilège d’avoir sa « Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic » depuis 2007. Pourquoi des parcs aux étoiles ? Une société qui ne peut plus lever les yeux au ciel et regarder vers cette fenêtre sur l’univers, une société qui, à cause de l’illumination artificielle des sommets, est privée de leurs changements de couleur à la brunante et du spectacle naturel du crépuscule – cette heure entre chiens et loups — qui ne peut plus compter les étoiles filantes, les voir pénétrer dans l’atmosphère et entrer en combustion, qui ne s’attarde plus sous la Voie lactée – tout simplement car on ne la voit pas – qui n’observe pas avec ses enfants les 5000 étoiles qui se comptent à l’œil nu par nuit noire, qui ne connaît pas le spectacle époustouflant d’une nuit éclairée de lucioles, une telle société est aussi privée d’une possibilité millénaire « d’élargir le champ de sa conscience » . Pour notre bonheur et celui de nos enfants, luttons contre la perte de l’obscurité. Tous, nous avons besoin d’infini, de pensées infinies(1). Et cet infini peut s’ouvrir à nous quand on cesse d’être plaqué au sol, et qu’on regarde les étoiles. Alors, en y accrochant sa charrue, on se met à tracer dans sa vie un sillon droit. (Proverbe berbère et/ou africain) Danièle Starenkyj©2017 (1) A lire: Danièle Starenkyj – RÉFLEXIONS POUR UNE VIE MEILLEURE, Pensées infinies, Orion. Lien page Facebook: https://www.facebook.com/danielestarenkyj