Philippe Bouvard "On s'en souviendra", son dernier livre.

–

Nous protéger contre le virus en nous enfermant.

Entre deux confinements, j’avais retrouvé le chemin des tapis verts. Ce qui devait arriver arriva. Au lieu de toucher le jackpot, je contractai la souche historique du coronavirus… Les familiers se firent plus distants et les visiteurs plus rares.
Quoique asymptomatique, j’avais l’impression d’être un pestiféré bien portant. Voire un cadavre encore capable de se tenir les côtes. Un grand merci à la providence qui m’a laissé le temps de devenir gâteux et de mourir d’autre chose que du covid ! » Il n’y a pas d’âge pour faire de faux adieux. Sauvé par son appétit de vivre et sa contagieuse bonne humeur, Philippe Bouvard a donc rempli son carnet d’anecdotes, de réflexions et de choses vues au cours de cette folle période. Espiègle chroniqueur, il détaille ainsi, dans son soixante-huitième livre, sa » relation humoristicopolémique de notre calvaire viral « , posant un regard mordant sur la gestion politique de la crise – comme sur les absurdités du monde d’après.

–

Tiré du livre de Philippe Bouvard, voilà ce qui nous a enchanté …

» Aujourd’hui, pour la première fois depuis que les statisticiens s’en préoccupent, la durée de la vie a diminué, aboutissant alors qu’on condamne les arbres de Noël à ce que ça sente davantage le sapin.

Les croque-morts sont débordés. Il faut ouvrir en hâte, comme à Sao Paulo des nécropoles supplémentaires. Les médecins sont sur les rotules qui doivent se partager entres les hôpitaux et les studios TV et radio. Les soignants sont épuisés, ils travaillent quatre-vingt-dix heures par semaine.

Les journalistes sont à bout, contraints d’écrire ou de dire la même chose sans être capables de trouver d’autres mots. »

–

Un peu plus loin :

–

« Parallèlement, alors que les savants habilités à se pencher sur les problèmes virologiques n’ont jamais occupé davantage le terrain, le nombre de phénomènes sans explications augmente chaque jour. A savoir: les lits rendus disponibles dans les services de réanimation ont-ils été libérés par des guérisons ou par des décès ?

La fameuse immunité collective qui résulte, dit-on, de la croissance du nombre de contaminés, ne risque-t-elle pas d’entraîner arithmétiquement un plus grand nombre d’issues fatales ?

Pourquoi ne s’est-on pas mis d’accord sur le sexe du méchant virus , défini comme féminin par les officiels et masculin par presque tous les autres ?

Pourquoi alors que les idylles humaines et animales n’ont plus de secret pour nous, ne sait-on toujours rien sur des mécanismes de la reproduction virale ? «

–

Encore plus loin » Emmanuel Macron avait un peu moins de quarante ans lorsqu’il a été élu président de la République. Mais Bonaparte en avait trente-trois lorsqu’il est devenu consul à vie et trente-cinq lorsqu’il s’est couronné empereur.

Macron, qui s’est érigé en médecin-chef de la France malade, est pourtant l’un des rares de sa famille à ne pas être un disciple d’Hippocrate.

Le président ne donne pas toujours le bon exemple. Sous le prétexte d’un » pot-au-feu de travail » il convie à dîner neuf notables démasqués en autorisant que les choux à la crème leur soient servis bien après le début du couvre-feu.

Plus loin » Chaque fois qu’on entend du chef de l’Etat une décision qu’il ne prend pas, je pense à la formule de Jules Renard » N’écoutant que son courage qui ne lui disait rien… »

Et là je ne peux m’empêcher de rire aux éclats « Nous sommes en guerre » avait déclaré gravement Macron au plus fort de la pandémie. La paix définitive risquant de se faire attendre, malgré quelques armistices, on mobilise les réservistes et on procédera au rappel des vaccins.

Macron pour séduire les jeunes s’adresse à eux en dialoguant avec le personnage d’un dessin animé et leur promet une console gratuite afin qu’en 2022 ils choisissent le bon candidat. Aucun message pour leur avenir mais la perspective de toucher bientôt 500 euros.

J’espère que » Monsieur-Je-me-mêle-de-tout » ne s’emmêle pas dans ses interventions car le même jour il a dû recevoir des jeunes humoristes qui lui avait consacré une vidéo, converser avec trois ministres et téléphoner au président de l’Egypte pour régler le problème palestinien. »

A se tordre de rire encore et encore » J’imagine qu’avant chaque décision démagogique, avant chaque BA médiatisée, avant chaque interview importante, Macron fait calculer par une cellule spéciale l’influence escomptée dans les prochains sondages. » Vous imaginez De Gaulle se livrer à une telle bêtise ?

» J’imagine que, si le virus s’installe parmi nous jusqu’à la fin de ce siècle, les générations qui vont se succéder finiront par s’y habituer et trouver normal de vivre avec lui. Je pense surtout aux contemporains qui n’ayant pas connu d’accalmie sanitaire estiment normal une existence anormale.

Or nous, issus d’une autre époque, nous ne pouvons nous empêcher de comparer la vie pendant avec la vie d’avant... »

–

Un peu plus loin « Les lieux de plaisirs se sont vidés, les lieux de souffrance se sont remplis, la réanimation a remplacé l’animation.
Jamais on n’aurait cru qu’un gouvernement majoritairement composé d’anciens élèves de grandes écoles puisse accumuler tant d’incohérences et de pénuries.«

Et puis j’adore cet humour noir comme savait le manier Pierre Desproges » On a manqué de lits dans les hôpitaux; on a manqué de cercueils dans les morgues; on a manqué de médicaments dans les pharmacies; on a manqué de masques; on a manqué de vaccins…

–

On a manqué de fidèles dans les églises où on a cessé de rendre grâce à un Dieu qui ne paraissait plus rien entendre tandis que les écolos assurent un transfert de divinités en vénérant une nature de moins en moins bonne fille.

–

Or l’univers était en péril, la patrie mourante, la DEMOCRATIE EXSANGUE.

Il ne nous restait plus que la famille qu’un président sans enfant ni petits-enfants nous déconseillait de trop fréquenter car les gouttelettes s’annonçait encore plus nocives que les atomes«

–

Bouvard, votre livre est un enchantement dans un univers qui déchante, mais au fait, puisque nous n’en sommes pas sortis: quelles surprises par milliers va nous réserver le père fouettard du Conseil Sanitaire ?

Parce que soit dit en passant nous sommes trop nombreux à ne plus croire au Père Noël ….Alors dans notre désespoir on se console auprès du père Bouvard dans un livre plutôt hilarant !

–

Roland Reymondier

Acteur-Nature