Gaz de schiste : il faut rester vigilant

NavacellesLes schistes bitumineux (Shale oil en anglais) sont contenus dans les roches sédimentaires comprenant des strates d’argile dans lesquelles s’intercalent des couches de sable contenant le « gaz de schiste ».
Les conditions d’extraction sont très difficiles et nécessitent des infrastructures véritablement pharaoniques. Lire l’article de Jean-Luc Darrigol, écrivain…

En effet, il faut aller chercher les schistes bitumineux à 2500 m de profondeur et pour l’extraire on injecte à très haute pression de grandes quantités d’eau dans laquelle sont dissous des composants chimiques afin de disloquer la roche. C’est la fracturation hydraulique.

Cette technique est d’une grande violence puisqu’il s’agit de créer des micro-tremblements de terre pour fracturer la roche en envoyant des milliers de mètres cubes d’eau et de divers produits chimiques dont certains sont cancérigènes et mutagènes.

De plus, chaque puits ne pouvant drainer qu’une petite quantité de gaz de schiste, il faut en creuser un très grand nombre, très proches les uns des autres, avec une emprise au sol qui défigure le paysage.

Ces forages provoquent la pollution des nappes phréatiques rendues impropres à la consommation (comme au Canada) jusqu’aux nappes fossiles où l’eau était restée vierge depuis des milliers d’années.

L’extraction d’un tel pétrole nécessite des quantités faramineuses d’énergie, des infrastructures colossales et génère quantité d’émissions de gaz à effet de serre, comme en témoigne la désastreuse exploitation des schistes bitumineux au Canada.

Sans parler de la pollution des nappes phréatiques

Aberration énergétique, climatique et environnementale, les schistes bitumineux sont les pétroles les plus chers, les plus polluants qui soient.

L’exploitation de ces schistes bitumineux est extrêmement couteuse. (voir article Monde Diplomatique Mars 2013).

Mais les pétroliers, opérateurs ou prospecteurs parient sur un prix du baril toujours plus élevé pour rentabiliser leurs investissements

La France est au cœur de cette course effrénée aux schistes bitumineux. En décembre 2010, les réserves étaient évaluées par le ministère de l’énergie (désormais de retour dans le giron de Bercy et donc des finances) à près de 65 milliards de barils

Si le gouvernement français donnait son feu vert à toutes les demandes de permis d’exploration en cours à ce jour, ce sont plus de 65 000 km² qui pourraient faire l’objet de prospections de schistes bitumineux

J’ai voulu prendre comme exemple un permis de recherches qui avait été attribué à un groupe américain pour le site de Navacelles.

Le site de Navacelles est situé dans le Parc National des Cévennes qui a été désigné comme Réserve de Biosphère par l’UNESCO en 1985.

image01 Navacelles
Arrêté du 1er mars 2010 accordant un permis de recherches de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux, dit « Permis de Navacelles », aux sociétés Egdon Resources (New Ventures Ltd), Eagle Energy Ltd et YCI Resources Ltd, conjointes et solidaires.

Par arrêté du ministre d’Etat, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, en date du 1er mars 2010, le permis de recherches de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux dit « Permis de Navacelles » est accordé aux sociétés Egdon Resources (New Ventures Ltd), Eagle Energy Ltd et YCI Resources Ltd, conjointes et solidaires, pour une durée de cinq ans à compter de la date de publication du présent arrêté au Journal officiel de la République française. Pour cette période l’engagement financier souscrit par les sociétés est de 1 360 000 euros. La surface définie est de 216 kilomètres carrés.

Or le Cirque de Navacelles est un site d’une beauté extraordinaire, unique en Europe, amphithéâtre naturel au fond d’un canyon (gorges de la Vis), des falaises de calcaire et de dolomie hautes de 300 m (Causse de Blandas) surplombant un méandre recoupé de la rivière. Bien entendu, la population et de nombreuses associations se sont immédiatement mobilisées mais il faut reconnaître qu’il fallait oser délivrer un permis dans un tel paysage. Heureusement, il a été abrogé.

Face à cette inquiétante logique industrielle, nous nous devons de soutenir le combat pour la décroissance afin que les taux actuels de production et de consommation ne soient pas durablement accrus ni même maintenus, conduisant à la destruction de notre capital naturel commun, la planète Terre.

Il ne faudrait donc pas baisser la garde car les enjeux sont fabuleux.

Jean-Luc DARRIGOL
Ecrivain/ site éditions Dangles

Pour en savoir plus :

Sur rue89Lyon

Sur rue89le 05/04/2013

Stop aux gaz de schiste 07

Un article dans Terra éco

Aux Etats-Unis, ils n’ont peur de rien…à lire sur Terra éco