Actualités Bien-être hiver Défenses naturelles Divers Grippe Immunité Les plantes médicinales Phytothérapie Plantes Remèdes ancestraux Thèmes L’Echinacée : la plante des Sioux Par Gilles.Corjon Le 29 mars 2020 Par Dr Gilles Corjon – Cette superbe plante utilisée en ornementation sous le nom de Rudbeckie d’Amérique fut largement utilisée par les tribus indiennes pour soigner les plaies et les morsures de serpents venimeux. Elle est aujourd’hui l’une de nos meilleures plantes médicinales connue surtout pour ses qualités de stimulant du système immunitaire. Image par YREA de Pixabay – Description/origine et habitat : Parmi les Echinacées, trois espèces sont communément utilisées en thérapeutique : Echinacea purpurea, E. angustifolia et E. pallida. Ces plantes vivaces qui ressemblent à des grandes marguerites poussent spontanément dans les prairies et les bancs sablonneux de l’Ouest de l’Ohio et dans d’autres états du Sud-est des Etats-Unis. Introduites en Europe comme plantes ornementales, les « coneflowers » (fleurs en cônes) amérindiennes sont aussi appelées Rudbeckia par les fleuristes. Le nom d’Echinacée a pour origine le mot grec « echinos » (=hérisson) à cause des bractées internes coriaces des fleurs centrales du capitule qui forment un disque bombé ressemblant à un hérisson. L’espèce Echinacea purpurea se distingue par de magnifiques fleurs rouge pourpre et fait l’objet de cultures en Europe en raison de son efficacité démontrée dans le domaine de la stimulation des défenses immunitaires. Utilisations traditionnelles : Les Indiens des grandes plaines d’Amérique du Nord utilisaient l’échinacée pour des affections très variées telles que les blessures, les brûlures, les piqûres d’insectes, les morsures de serpent, les fièvres, les refroidissements…le plus souvent sous forme d’un broyat de la plante et de la racine fraîche. Les colons blancs ont probablement appris des Indiens l’usage de cette plante considérée comme une panacée chez les Sioux et les Ogalas. En Europe, la première indication d’application thérapeutique remonte à 1897 et ce furent surtout des médecins homéopathes qui contribuèrent à son développement. Dès 1903, on constata l’utilité de l’Echinacée dans le traitement des furoncles, des abcès, du typhus, de la méningite et le risque de gangrènes dans les artérites diabétiques (Madaus, Walsh, Ritter, Tellier). Constituants : Une bonne centaine de composants ont été identifiés chez E. purpurea dont : des glucides : 5à 8 % d’inuline et des polysaccharides caractéristiques de poids moléculaire élevé qui jouent un rôle important dans l’activation des défenses immunitaires ; des composés phénoliques représentés par des acides phénoliques comme les acides cafeique et chlorogénique et surtout par les esters de l’acide caféique dont l’échinacoside qui intervient également dans l’action immunostimulante ; de nombreux polyènes et polyines à effet antibactérien présents surtout dans les racines ; des terpénoïdes et des phytostérols très répandus chez les végétaux comme le stigmastérol et le béta-sitostérol ; et des substances essentielles connues sous le nom d’alkyamides que l’on retrouve surtout dans les extraits de plante fraîche. Proprietés reconnues : Activité stimulante sur le système immunitaire non spécifique par plusieurs mécanismes conjugués : activation des macrophages (augmentation de la phagocytose), activation des lymphocytes T, régulation de la production de certains médiateurs de la réponse immunitaire (interférons, interleukines, lymphokines). Il est à noter que les extraits d’Echinacea réalisés à partir de plantes fraîches ont une activité modulatrice du système immunitaire plutôt qu’une action hyperstimulante. Cette activité immunomodulante est surtout liée à la présence des alkyamides qui ont la propriété de contrôler la libération excessive de cytokines pro-inflammatoires (comme le TNF-alpha) induites par les virus ou certaines bactéries. Activité antivirale notamment par blocage de l’adhésion des virus aux récepteurs cellulaires ; activité antibactérienne sur plusieurs germes pathogènes (Streptococcus pyogenes, Haemophilus influenzae….) Activité cicatrisante en renforçant la formation des fibroblastes au niveau de la peau et en empêchant la pénétration trop profonde des bactéries par inhibition de la hyaluronidase, une enzyme de déconstruction des tissus conjonctifs . INDICATIONS USUELLES : Par voie orale les extraits d’Echinacée sont très utilisés dans la prévention et le traitement des affections virales telles que les rhumes et surtout les grippes saisonnières (virus influenza) ainsi que les herpès (herpès labial, herpès simplex). L’action bactéricide de l’Echinacée est mise à profit pour lutter contre les infections urinaires à répétition et les surinfections bactériennes observées au cours des épisodes de refroidissements hivernaux d’origine virale. Il est ainsi possible d’éviter le développement des pathologies respiratoires chroniques comme les sinusites ou les bronchites. On peut également recommander son usage comme fortifiant général pour accélérer le rétablissement des personnes fragilisées et écourter la convalescence. Par voie externe, les extraits d’Echinacea sont utiles pour la cicatrisation des plaies et lutter contre les risques de surinfection en favorisant et en organisant la défense immunologique locale (abcès, furoncles,…). L’action anti-inflammatoire est intéressante dans le soin de certaines dermatoses (psoriasis, eczéma). Autres usages : Notre expérience nous a montré que l’on peut conseiller l’Echinacée dans l’accompagnement de maladies chroniques et chez les sujets soumis à des stress chroniques qui fragilisent le système immunitaire. Dans la prévention des allergies saisonnières et de l’asthme bronchique, des cures associant l’Echinacea, le plantain et le chardon-marie sont très bénéfiques. Sous quelle forme l’utiliser ? De nombreuses études et nos propres observations permettent d’affirmer que de meilleurs résultats sont obtenus à partir d’extraits de plante fraîche (jus ou extrait hydro-alcoolique de plante fraîche). Il existe également des comprimés qui sont réalisés à partir des extraits précédents. La posologie par voie orale est adaptée suivant l’usage préventif ou curatif et en fonction de l’âge. Par voie externe les mêmes extraits peuvent être utilisés localement pour le soin des plaies en association avec de la TM de Calendula ou pour réaliser des gargarismes destinés à soigner des maux de gorge. Il existe des pommades à base d’Echinacea qui sont plutôt indiquées pour les problèmes de peau. Remarque: L’usage de l’Echinacea ne présente pas de contre-indications particulières ; il est souvent fait état d’éviter une utilisation prolongée pour ne pas entraîner une hyperstimulation du système immunitaire mais des études récentes n’ont pas confirmé cette affirmation. Gilles Corjon Docteur en pharmacie, Professeur d’herboristerie Ecole Lyonnaise des plantes médicinales et des savoirs naturels Twitter Pinterest Facebook