Pétitions à répétition : se poser des questions dessin Pénélope Bagieu sur site association Bloom– Le dernier clic que j’ai effectué pour signer la pétition très justifiée contre le chalutage en eau profonde m’a interpellé. En effet, nous sommes de plus en plus nombreux à cliquer au gré de nos humeurs, de nos réflexions, de nos interpellations. C’est une fois contre l’énergie nucléaire, une fois contre l’élevage intensif, une fois contre la déforestation, une fois contre la finance véreuse, une fois, une fois…ça se multiplie de plus en plus. D’ailleurs, je ne me souviens même plus de ma dernière pétition mais qu’est-ce que ça fait du bien ! C’est un véritable tourbillon de pétitions depuis déjà plus d’un an. Entre Avaaz, change.org, les ONG, des particuliers, chacun est invité à présenté sa dernière pétition en espérant faire le BUZZ. Mais, avons-nous vérifié rapidement ces informations et surtout réfléchi à leurs implications dans notre vie personnelle ? Il faut reconnaitre que c’est tellement facile et rapide avec un simple clic de se donner bonne conscience. Je suis souvent assez fier de transmettre aussitôt ma trouvaille à ma liste d’adresse personnelle. C’est ce que j’ai réalisé en signant la pétition contre le chalutage en eau profonde. La dessinatrice Pénélope ayant été très démonstrative, je n’ai pas hésité une seconde. Pourtant, j’ai été pris de doutes et j’ai voulu recouper les informations. Ouf, tout était très correct et je n’ai pas regretté, bien au contraire, mon clic. J’en ais donc tiré une première leçon qui est de vérifier rapidement le contenu de la pétition. Pourtant, est-ce suffisant et efficace à long terme ? Pouvons-nous croire que tout peut changer avec notre simple clic ? Je ne suis pas 100 % végétarien et il m’ arrive de manger du poisson (pas carré). Il y a quelques années, dans un pays merveilleux où il faisait bon vivre, il y avait dans chaque ville, petite ou grande, à côté des boulangers, épiciers, charcutiers, bouchers, de valeureux poissonniers, pas des mousquetaires (sic). Aujourd’hui, il faut les acheter dans votre super ou hypermarché car les poissonniers indépendants se font très rares. La PUB TV nous renvoie à de courageux marins se battant contre les éléments déchainés pour rapporter du poisson frais et pas cher aux bons clients d’Intermarché ou à EDF nous vantant le tout électrique nucléaire. Vidéo PUB Intermarché sur la pêche : Sans faire de jeux de mots, nous sommes nombreux à mordre à l’hameçon d’un Monde meilleur où tout est moins cher et tellement pratique. Pourtant, l’heure n’est-elle pas venue de se poser la question de ce qui se passe en coulisses ? Savez-vous et nous le savons certainement que lorsque vous achetez des vêtements pas chers, il y a peut-être quelque part au Bangladesh des ouvrières surexploitées, travaillant dans des conditions très dangereuses ? Savez-vous que derrière l’électricité nucléaire, il y a les approvisionnements en uranium en Afrique et les conditions de vie déplorables des mineurs guinéens ? Savez-vous, savez-vous, la liste serait longue. Souvent, nous savons et c’est pourquoi nous cliquons. Nous aimerions tellement que par le simple coup de baguette magique d’une bonne Fée, le Monde revienne à ce qu’il avait de plus beau. Sans paraître donner des leçons car ce serait très malvenu, ne devons-nous pas aller au-delà de nos clics ? La dernière pétition contre le chalutage en eaux profondes avec son incontestable succès (Déjà bientôt 600000 clics) peut malheureusement entrainer du chômage, notamment en Bretagne. Il faut donc rester modestes car malgré cette victoire, il serait bien hâtif de penser que les problèmes soient complètement réglés, loin de là. Nous devons envisager de revoir notre façon de vivre, de manger, d’acheter, de nous habiller même si ça doit nous coûter. C’est indispensable car il faudra recréer une autre économie en remplacement. C’est pourquoi, nous devons réfléchir aussi à la portée de nos actes, de nos achats. Si nous achetons notre poisson ou notre viande chez un artisan indépendant, il y a plus de chances qu’il s’approvisionne dans une filière traditionnelle. En clair, la pêche industrielle a fait disparaître de nombreux patrons-pêcheurs et la viande en grande surface a concentré et développé les grands abattoirs industriels. C’est la conséquence de nos pratiques d’achat modernes. Nos achats importants sur Internet peuvent et font disparaître de nombreux commerçants. Peut-être devrons-nous un jour signer une pétition dénonçant la disparition des commerces en centre-ville, cause d’une désertification propice à la délinquance ? Jean-Baptiste Malet, infiltré chez Amazon par FranceInfo N’y-a-t-il pas là une réflexion de fonds sur l’avenir de nos societés ? Aurons-nous le courage et la volonté de remettre en cause nos façons de vivre au quotidien ? Nous sommes invités, au-delà de nos clics, à prolonger cette réflexion afin de contribuer à l’amélioration de ces innombrables problèmes de societé. Bernard Burlet POUR EN SAVOIR PLUS : Site Novethic