L’ostéopathie d’aujourd’hui ressemble-t-elle à celle de ses origines ? Photo site Pierre Tricot-L’ostéopathie d’aujourd’hui : où est passée l’ostéopathie des origines ? Pour Pierre Tricot, ostéopathe et enseignant reconnu, il ne fait aucun doute, l’ostéopathie enseignée actuellement n’est plus que le pâle reflet de celle qu’avait établi en son temps Still au dix-neuvième siècle. En fait, voici sur quoi reposait la philosophie de l’ostéopathie : Philosophie originelle de l’ostéopathie : « Still disait : « Trouver la santé devrait être l’objectif du docteur. N’importe qui peut trouver la maladie. ». Le fondement même de la vie, c’est la santé. Quel que soit le créateur et la manière dont les choses ont été créées, il semble logique de penser que les organismes ont été créés ou se sont développés pour progresser vers une santé optimum. La santé fonde donc la vie et le vivant. L’ostéopathe doit donc chercher la santé, travailler avec ce concept, plutôt qu’avec l’idée de maladie. L’ostéopathie n’est pas une thérapeutique exclusive, mais une aide essentielle à intégrer, au sein d’équipes orientées vers la santé, tournées vers la considération de l’être dans sa totalité. » Autres éléments importants : Le corps a le pouvoir de surmonter la maladie et aucun praticien n’a jamais guéri un patient. La seule chose qu’il ait faite, c’est de permettre à l’organisme du patient de trouver les ressources nécessaires pour recréer un équilibre. * Voilà ce qu’écrit Viola Frymann : * «Moi le praticien, je ne peux guérir la plus simple des blessures, mais je peux nettoyer la plaie et enlever les débris, en rapprocher les bords et empêcher la contamination. Je ne peux guérir la fracture, mais en rétablissant une relation anatomique normale et en la protégeant des mouvements traumatisants, je procure à la fracture les meilleures conditions pour les processus de réparation. Il peut être nécessaire d’enlever une tumeur ou un calcul ou quelque autre entité pathologique, mais une fois cela fait, le chirurgien doit se fier à son invisible allié chez le patient, pour mettre en œuvre les processus de guérison». Quel est le véritable rôle de l’ostéopathe ? Le rôle de l’ostéopathe se borne donc, grâce à un raisonnement reposant sur la connaissance anatomique et physiologique à : – trouver les éléments entravant les processus normaux d’amélioration, à les réajuster. – à laisser la sagesse du corps faire l’essentiel : rétablir son équilibre et sa santé » Le partenaire silencieux Pour les premiers ostéopathes il existait une force de guérison, une sorte de partenaire silencieux, présent dans le corps de l’ostéopathe mais tout aussi présent dans celui de son patient. Cette notion de partenaire silencieux fut développée bien plus tard par un ostéopathe presque contemporain appelé Rollin Becker, Still quant à lui préférait les mots Grand Archictecte pour exprimer les mêmes notions. L’état d’esprit de celui qui applique le soin ne doit nullement être banal. Ce dernier doit comprendre qu’il travaille avec une force universelle supérieure qui seule peut rétablir la santé, si celle-ci est compromise. En aucun cas, il ne doit penser « qu’il fait quelque chose » mais plutôt qu’ il accompagne cette énergie supérieure présente chez le soignant et le soigné. Comment Pierre Tricot retrouve les fondements de l’ostéopathie ? Alors qu’il commençait à traduitre les premiers ouvrages écrits en Anglais des tous premiers promoteurs de l’ostéopathie, ce fut un choc pour Pierre Tricot : On a oublié l’Essentiel. Les bases véritables du soin ne sont pas symptomatiques mais basés sur cette énergie vitale qui ne demande qu’une chose : une circulation libre et non entravée. L’ostéopathie n’est pas mécaniste mais spirituelle. Elle opère quand on laisse s’écouler ce fluide vital qui émane du partenaire silencieux au travers des mains du thérapeute. Bien entendu que le fait de connaître les bases de l’anatomie et les fonctions mécaniques du corps sont des éléments importants, mais ce n’est pas l’essentiel. Le vivant ne s’apparente nullement à une mécanique bien huilée. La santé c’est la base même de notre état vital et non l’absence de maladies. L’ostéopathie telle que la concevait Still en son temps ne consistait pas à lutter contre quelque chose de pathologique, mais simplement à rétablir le courant fluidique entravé dans son équilibre harmonieux. L’ostéopathie pourrait-elle être une remise en ordre d’après un schéma d’énergie vitale supérieure ? En fait, à lire de plus près les promoteurs de cet art, c’est un peu ce que l’on est tenté de penser. Mais laissons s’exprimer Pierre Tricot à ce sujet : « J’ai commencé ma formation à l’ostéopathie en 1971, mais je n’ai véritablement rencontré Still que dans la seconde moitié des années 1990, grâce à la lecture (ou plus exactement aux tentatives de lecture), puis à la traduction d’Autobiographie et de Philosophie de l’ostéopathie. Cette rencontre, fut pour moi un véritable choc. D’après ce que j’avais entendu (et retenu) de ce qu’on m’avait dit de Still, je m’attendais à m’ennuyer ferme à la lecture d’idées et de thèses largement dépassées. Or, même si, je le reconnais volontiers, ses écrits sont marqués par l’âge, difficiles à lire (parce qu’écrits par un homme qui n’était sans doute pas un grand lettré), il émane d’eux un souffle extraordinaire, l’esprit de l’ostéopathie tel que Still la concevait, la vivait et voulait la transmettre. Et en même temps que je découvrais cela, j’ai compris que depuis le début du développement de l’ostéopathie en France, nous étions coupés de ses racines et que nous recevions et transmettions une ostéopathie « sans souffle. ». Cela s’est trouvé considérablement aggravé par la soif de reconnaissance qui a poussé les ostéopathes à chercher à faire « scientifique » pour tenter de se concilier les bonnes grâces des détenteurs du pouvoir de reconnaissance et à tenter de réduire le plus possible les autres aspects (pourtant essentiels) de l’ostéopathie et notamment les aspects philosophiques, pour ne pas dire spirituels (je ne dis pas religieux, je dis bien spirituel, ce qui est très différent). Dès lors, j’ai désiré ardemment aider ceux qui le désiraient (cela ne saurait s’imposer) à rétablir ce lien à leur source. C’est ce qui a motivé mon engagement à l’Académie d’Ostéopathie de France en 1998, la traduction des textes de Still, la création de la revue Apostill, dont les six premiers numéros furent consacrés au renouement de ce lien. Malheureusement, le peu d’intérêt et de soutien rencontré pour ce projet auprès des instances dirigeantes, m’a poussé à quitter ces fonctions et à poursuivre selon mes moyens l’idée qui m’est chère. C’est aussi un des objectifs majeurs de mon site Internet : aider à renouer avec nos sources. » Remercions simplement Pierre Tricot pour l’héritage précieux qu’il laisse sur son site. Croyons aussi qu’il permettra à de nombreux thérapeutes de s’engager sur la voie d’une thérapie de santé en parfaite harmonie avec le vivant. Acteur-Nature Serge Lupy