Une belle histoire : l’élixir du suédois (1ère partie) Photo Dr Theiss Naturwaren – L’élixir de longue vie : une belle histoire ! Au début des années 1980, les magasins de diététique de France firent découvrir ce que tout le monde connait désormais sous le nom « d’Elixir du Suédois »… Mais, au fait, d’où vient ce produit et qui a contribué à son succès ? Vous ne connaissez sans doute pas le docteur Peter Theiss, pourtant c’est lui qui fit redécouvrir les vertus extraordinaires d’un Elixir de Longue Vie qu’on nomme Elixir du Suédois. Après avoir eu une solide formation scientifique dans le domaine pharmaceutique, au début des années 1970, Peter Theiss aurait pu devenir un scientifique et chercheur renommé dans le domaine des médicaments chimiques. Cependant, ce ne fut pas le cas et c’est un peu, grâce à son épouse, qu’il modifia la vision de ce qui va devenir sa nouvelle activité. Voici, ce dont il témoigne : « Quand Barbara m’a emmené dans des randonnées en montagne, à la recherche de plantes, je me suis rendu compte avec surprise que, certes, si j’avais entendu parler de ces plantes médicinales pendant mes études ou même, à l’occasion d’un examen, pu déterminer certaines d’entre elles à partir d’un petit fragment séché, je n’en savais tout bonnement pas plus que leur appellation latine. Nous avons éprouvé tous deux un immense enthousiasme devant les multiples possibilités curatives et les diverses recettes et préparations. Nous étions deux, à présent, à apprécier les paysages montagneux sauvages, les marécages asséchés, les pâturages aux plantes curatives et jamais nous ne revenions de ces randonnées sans un bouquet d’herbes odorantes » Lorsque Peter Theiss se voit convié à reprendre la « Pharmacie du marché », celle de son père à Hombourg pour être comme lui pharmacien, c’est-à-dire distributeur de médicaments pharmaceutiques, il accepte. Les débuts sont difficiles car il s’oblige à vendre des médicaments chimiques et cela ne l’enchante pas. Ensuite, le problème se corse : il ne peut se résoudre à vendre seulement un quelconque médicament d’origine chimique mais seulement au cas où une vie puisse vraiment être en danger La décision étant prise, Theiss se tourne résolument vers les plantes. Il lui faut d’abord tout transformer et réorganiser dans sa pharmacie de Hombourg. Tous les matins, à cause des investissements, il se demande comment atteindre son chiffre d’affaires à partir de préparations basées essentiellement sur les plantes et l’homéopathie. Ses conseils portent plus de toute évidence sur les plantes et c’est cela qui fait le succès de l’entreprise. Ainsi, en 1976, alors que tous ses amis passent de folles nuits à s’amuser, il résiste à la tentation et passe son temps à composer, dans un grand mouvement d’euphorie créatrice, 25 mélanges de plantes différentes, de la tisane contre la constipation à la tisane pour les veines. Elles sont déposées comme spécialités de la « Pharmacie du Marché » et mises en vente. Mais, voilà que le destin frappe à la porte. Un jour, une dame âgée entre dans la pharmacie avec une vieille recette notée sur un bout de papier usé. Elle veut qu’on lui prépare un mélange de toutes ces plantes ce qui est en fait assez difficile car il s’agit de plantes bien particulières. Il met un point d’honneur à se les procurer, malgré d’énormes difficultés. Tous ces ingrédients doivent être réunis, afin de préparer pour cette cliente, l’élixir aux plantes demandé. Quand elle revient le chercher, elle déclare : « tenez, préparez m’en un litre de plus pour ma voisine, s’il vous plaît. C’est quelque chose de vraiment bon, vous allez en vendre beaucoup » Elle ne se trompe pas, car il s’agit de la traditionnelle recette de l’Elixir du Suédois, sur lequel se fonda plus tard le succès de la firme Naturwaren. Pour faire ce type de préparation, il faut non seulement avoir les connaissances mais aussi les matières premières. Là, il faut une véritable organisation pour trouver toutes les plantes et ce n’est pas simple : racine de carline, zéodaire, rhubarbe, myrrhe, feuilles de séné, safran, camphre et la fameuse thériaque vénitienne (qui peut contenir jusqu’à 49 plantes différentes). Cette préparation demande un savoir faire unique. C’est sûrement cela qui motiva Peter Theiss pour la création d’une unité de production. C’est, tout naturellement, qu’en 1979, Peter Theiss crée une firme de fabrication de remèdes à base de plantes, remèdes non seulement vendus dans sa pharmacie mais aussi distribués par d’autres pharmaciens dans leur officine. A cette même époque, c’est inévitable, il fait la connaissance de Maria Treben, auteur du best-seller La Pharmacie du Bon Dieu. Ils deviennent aussi de bons amis. Maria Treben est pour lui une source inépuisable d’enseignement sur l’usage des « simples » et de ce que l’on nomme la phytothérapie. C’est elle qui donne l’envie de développer une fabrication de ce fameux Elixir de Vie à une échelle cette fois ci internationale. Un témoignage de cette rencontre : « Mme Treben nous a fait connaitre de magnifiques coins d’Autriche, là où se trouvent les plantes les plus belles et les plus rares. Lorsque nous partions avec elle en randonnée, pour récolter de l’arnica ou du lycopode, c’était toujours une extraordinaire expérience. Nous n’apprécions pas seulement la beauté de la nature, mais aussi les longues histoires de Mme Treben. Elle nous parlait de sa jeunesse et racontait comment elle avait pu vivre pendant la guerre grâce aux plantes, aux baies et aux champignons, comment elle avait appris à connaître les plantes médicinales et approfondir toujours son expérience en ce domaine. Ce qui nous a rapprochés pendant toutes ces années, ce sont un amour profond de la nature et notre respect devant ce qu’elle nous donnait. Il suffisait de nous servir pour pallier nos manques et nos insuffisances et être en bonne santé et bonne humeur. » Au tout début des années 1980, ce vieux remède fit son apparition dans tous les magasins de diététique. Cela nous le devons à Peter Theiss. Cependant,sans le best-seller « la santé à la pharmacie du Bon Dieu » de Maria Treben, rien ne se serait passé. Theiss fut le maître d’œuvre de cette réussite. L’élixir du Suédois d’où vient-il ? Maria Treben raconte qu’après la guerre, alors qu’elle souffrait du typhus, une femme qu’elle ne connaissait pas lui apporta une fiole remplie d’un liquide odorant avec la copie d’un manuscrit antique où en 46 points il était montré comment ces herbes guérissaient de nombreuses affections. Les fameuses « herbes du Suédois » et le manuscrit antique provenait de la succession d’un médecin suédois du XVIIème siècle qui mourut accidentellement d’une chute de cheval à l’âge de 104 ans. L’histoire de cet élixir se confond avec celui plus ancien de l’Elixir de Longue Vie. Là, chose étrange, il faut remonter à l’Antiquité, par exemple Babylone ou l’Egypte où l’on sait que des récits circulaient à propos d’un remède mystérieux qui était censé apporter aux rois et aux prêtres une véritable vie éternelle. Au Moyen Age, une recette circula et on la garda jalousement secrète dans le cadre d’une initiation sévère pour ceux qui la fabriquaient. Les herboristes italiens, quant à eux, savaient parfaitement élaborer des thériaques à partir d’une multitude d’herbes censées apporter force et longévité. L’élixir est prodigue en racines amères ; en aloès, myrrhe et safran. Ainsi, on retrouve divers ingrédients un peu similaires dans de nombreuses recettes d’élixirs de longue vie dans toute l’Europe jusqu’au XVII siècle. Cependant, si l’on en croit Maria Treben, c’est le docteur Samst qui rédigea et fixa définitivement la composition de l’élixir de longue vie. Une expérience qui changea tout ! Au début, Maria Treben ne croyait pas aux vertus salvatrices de ce qu’on lui avait offert, d’autant plus que tous les traitements médicaux qu’elle avait suivi avaient échoué. Pourtant, alors qu’elle subissait les assauts d’une crise particulièrement violente de typhus doublée d’une forme d’occlusion intestinale, elle se dit « pourquoi ne pas essayer de faire un cataplasme avec de l’ouate humectée de cet élixir » c’est ce qu’elle fit. Elle garda cela toute la journée et en quelques heures la douleur disparut laissant place à une douceur et un bien être qu’elle ne connaissait plus depuis bien longtemps. En fin de compte, elle réussit à guérir totalement cette maladie invalidante et devint « l’apôtre de l’élixir de vie qu’elle baptisa Elixir du suédois en hommage à celui à qui elle devait d’être sauvée. » Tout est dans l’amertume des plantes Comme tous les élixirs de « longue vie », c’est aux plantes amères qu’il doit ses vertus. Est-ce un signe ? Le goût amer a presque définitivement disparu de nos assiettes et notre corps est ainsi privé d’un des quatre éléments fondamentaux indispensable à la vie. Notre civilisation pêche par trop de goût sucrés, salés et un peu acides mais n’affectionne pas l’amertume. Autrefois, les gens connaissaient bien les vertus des plantes amères et s’en servaient pour se soigner. De nos jours, seule la chicorée, l’artichaut et le pissenlit trouvent grâce à nos yeux. L’élixir du Suédois, en stimulant toutes les fonctions hépatobiliaires, prévient et régule la plupart des troubles digestifs ou métaboliques Les actions de l’élixir du Suédois 1) Il désintoxique le corps pour mieux le tonifier 2) Il a une action dépurative 3) C’est un anti-infectieux 4) Il possède une action anti-inflammatoire 5) Il est souverain pour le foie et la digestion 6) C’est un vrai tonique, intellectuel, fatigue générale et même sexuelle Pour en revenir à Maria Treben On pourrait décrire les 46 emplois thérapeutiques de l’Elixir du Suédois trouvés dans le manuscrit. Mais, ces affirmations sont désuètes et laissent percevoir l’Elixir du Suédois comme une panacée, chose qu’il n’est pas. C’est le livre « la santé à la pharmacie du Bon Dieu » qui a fait la réputation de l’Elixir du Suédois. Cependant, malgré toute la sympathie que nous portons à cet auteur, il nous faut reconnaître qu’elle est souvent allée trop loin dans ses affirmations sur les vertus curatives de certaines plantes. Il est exact qu’elle a expérimenté elle-même avec succès ces plantes et bien entendu l’élixir du suédois mais on ne doit nullement s’étonner que des pharmaciens et des représentants de l’Ordre des médecins aient pu réagir vigoureusement contre certaines déclarations de Maria Treben. Ils lui ont reproché d’éveiller de faux espoirs chez des malades gravement atteints (cancers, sclérose en plaques etc…) et de duper l’opinion publique. Certes, si dans les déclarations de Maria Treben, il peut y avoir des excès de langage en laissant supposer que les plantes soient capables de tout guérir, il n’en demeure pas moins que pendant des décennies les médecins n’ont plus du tout voulu entendre parler de l’emploi des plantes médicinales et c’est dommage. Tout n’est pas dans le principe actif En fait, dans les courants « thérapeutiques », s’opposent deux théories : • Celle de la pensée analytique qui considère la plante médicinale comme une sorte de produit brut dont il faut déterminer le principe actif à extraire. Son but est soit d’isoler ce dernier, soit de l’utiliser, en quelque sorte emballé dans la plante, comme thérapie. Un des buts est la normalisation ou la standardisation des substances provenant aussi bien des plantes que des médicaments. Les partisans de cette conception voient d’un très mauvais œil les fluctuations et irrégularités dans les plantes médicinales et ils n’apprécient pas du tout les mélanges que l’on trouve régulièrement dans tous les anciens élixirs. • Le courant opposé considère la plante comme un composé complexe de substances actives et secondaires et estime que ce tout est bien supérieur à la somme de ses composants. Il pense que réduire la plante à différentes propriétés revient à réduire les possibilités de la plante à diminuer la valeur des principes potentiels qu’elle offre. C’est pourquoi ce courant juge qu’il faut une thérapie globale qui utilise autant que possible la plante en totalité. En fait, pendant des millénaires, on a su utiliser : infusions, décoctions, macérations, élixirs divers alors, en quoi ce savoir- faire serait-il obsolète ? Pour ce courant de pensée, les données expérimentales venues de la pratique valent autant que les pures analyses de substances comme preuve d’efficacité d’une plante. Se basant sur les résultats empiriques, il est aussi partisan des mélanges de plantes. Le fait est, qu’un composé chimique, agit de manière absolument différente s’il est isolé au lieu d’être au sein d’un ensemble naturel, dans l’organisme d’une plante. En général, son action est précise, elle s’exprime tout autrement, unilatéralement et avec beaucoup de force. Il en résulte bien souvent une accoutumance et finalement une dépendance. C’est en fait l’effet inverse qui était recherché. Saule ou aspirine ? L’aspirine ou bien encore l’acide acétylsalicylique agit plus rapidement que l’écorce de saule, mais son effet est moins prolongé et il cause des effets indésirables (Irritation de la muqueuse de l’estomac et inhibition de la coagulation) alors que la plante n’en provoque jamais. Voilà pourquoi le saule en tant que plante n’a jamais les effets indésirables de l’aspirine en tant que médicament…. Un grand merci à Peter Theiss Avant de terminer ce premier volet sur les remèdes de Maria Treben, il nous faut prendre en compte la fantastique contribution de Peter Theiss qui a su si bien adapter un « produit original » comme l’Elixir du Suédois au marché de la diététique. Il a su garder des normes de fabrication pharmaceutiques propres aux médicaments à un élixir de vie qui prend naissance dans la nuit des temps. Cet article s’inspire de l’ouvrage de Barbara et Peter Thiess « Le bien-être de la famille par les plantes » éditions du Rocher. Roland Reymondier Conseiller en produits de nutrition POUR EN SAVOIR PLUS : L’élixir du suédois : applications pratiques (2ème partie)