Bien plus efficace que la pensée positive: une pensée vivante et créatrice ! De tout côté, on n’entend plus que ça : positivons ! Le mot d’ordre est donc lancé, il faut positiver. Le culte même de la pensée positive n’est-il pas un leurre, lorsque l’on sait que la plupart des pensées nous viennent de machines à penser comme la télévision, la radio et internet ? La pensée positive s’obtient-elle par une volonté crispée et tendue sur un but à atteindre ! On croit, par cette pensée, changer les choses négatives par une sorte de magie mentale qui ne conduit qu’à un phénomène : la création d’un fantasme et une fuite en avant pour ignorer les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Une très fameuse loi d’attraction n’attire pas l’argent dans vos poches mais bien plutôt dans celle de petits malins habiles qui ont trouvé le filon sur le web. « Le secret » ce n’est pas seulement un film mais aussi une pratique qui se vend bien par des stages de formation ou coachings. C’est une forme de croyance suivant laquelle une idéation positive va attirer à elle des éléments positifs dans la vie de celle ou celui qui s’y livre. En fait, c’est une forme de magie mentale de notre société actuelle avide de merveilleux et qui peut nous couper de la réalité quotidienne. On peut se demander pourquoi cette magie n’a pas changé la face du monde alors que tant d’individus l’ont diffusée dans le monde entier ! Pourtant, il existe une attitude mentale qui, elle, est créatrice et donne des résultats parfois extraordinaires. Certains êtres dans l’histoire du monde ont su la manier avec profit dans des situations extrêmes. C’est cette pensée que l’on trouve dans la déclaration du général De Gaulle en juin 1940 « La France a perdu une bataille, elle n’a pas perdu la guerre.. » Rappelons simplement les faits : A ce moment précis, De Gaulle est en Angleterre qui vacille sous les bombardements allemands quotidiens sur Londres. La France est occupée, la Russie est alliée à l’Allemagne par le pacte germano-soviétique, l’Italie se range au côté de l’Allemagne, l’Amérique ignore ce qui se passe en Europe et témoigne de sa neutralité. Rien effectivement ne peut logiquement laisser croire à l’affirmation de Charles De Gaulle laissant supposer un retournement providentiel des évènements. C’est en fait cela qui a conduit une multitude de français à se rallier derrière le maréchal Pétain. De Gaulle par sa pensée vivante et créatrice a su bien avant tout le monde que la France vaincue allait renaitre de ses cendres. Dans cette préparation* (voir le sens donné à ce mot dans les écrits plus bas) il eut cette vision d’un but déterminé avec tellement de force qu’il entraîna d’autres compagnons dans cette aventure. Autre époque : Après plusieurs années de lutte parfois violente contre l’Arpatheid, Nelson Mandela est condamné en 1964 à la prison à vie pour sabotage et complot. Durant toute sa captivité, il refuse sa libération contre le renoncement à la lutte anti apartheid. Sa pensée et sa détermination dans ce temps de préparation* (voir plus bas) fut la disparition de la ségrégation raciale en Afrique du Sud. Dans un temps d’incubation et d’abandon* (voir encore plus bas) qui dura au bas mot 27 ans, il sera libéré en 1990. Le gouvernement sud africain légalise le Parti communiste et l’ANC dont Mandela devient le présidant en 1991. En 1993, avec le président De Klerk, il reçoit le prix Nobel de la Paix. Les premières élections pluralistes et multiraciales ont lieu en 1994. L’ANC remporte une brillante victoire. Cette même année, Mandela devient le premier président noir de l’Afrique du sud, poste qu’il occupa jusqu’en 1999. En mémoire de cet homme exceptionnel : Le film « Invictus » – Nelson Mandela Dans la nuit qui m’environne, Dans les ténèbres qui m’enserrent, Je loue les dieux qui me donnent une âme À la fois, noble et fière. Prisonnier de ma situation, Je ne veux pas me rebeller. Meurtri par les tribulations, Je suis debout, bien que blessé. En ce lieu d’opprobre et de pleurs, Je ne vois qu’horreur et ombres. Les années s’annoncent sombres, Mais je ne connaîtrai pas la peur. Aussi étroit que soit le chemin, Bien qu’on m’accuse et qu’on me blâme; Je suis le maître de mon destin, Je suis le capitaine de mon âme. William Ernest Henley ( 1849-1903 ) La pensée vivante et créatrice ne fait pas abstraction de la peur, de la tristesse, de la détresse. Elle s’appuie sur notre humanité pour mieux les transcender. « J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. » Nelson Mandela La pensée vivante et créatrice n’est pas l’apanage de certains géants de l’histoire de l’humanité comme on peut le penser trop souvent. Elle fut étudiée par Marc Adrien Rohrbach qui sut la traduire sous forme d’une méthode nommée J.E.A.N. Ce dernier fut en un tout premier temps interpellé par les miracles dont certaines personnes témoignent de la présence en ce bas monde. Pourquoi se demanda-t-il, en certaines circonstances, des individus voyaient leur prières exaucées ? Quel pouvait être l’élément qui générait alors leurs réussites ? Peut-être avons-nous la réponse au travers d’un écrivain philosophe Emmanuel Mounier : « c’est au moment où je n’ai plus rien en main de ce que je désirais de désir individuel, où j’ai renoncé à voir l’avenir de telle ou telle manière, où je ne me suis plus obstiné sur une perspective précise de vie prochaine que j’ai trouvé la paix d’abord, et qu’ensuite les espoirs temporels eux-mêmes m’ont été rendus, une fois que ma main ne se crispait plus sur eux dans un caprice d’enfant… » La pensée vivante et créatrice s’accomplit rarement par des voies personnelles directes et dans ce cas précis elle comporte toujours une phase d’abandon. L’abandon semble libérer des énergies qui iront chercher les évènements ou les personnes capables d’apporter la solution au problème posé. Cependant, on ne doit pas le faire dans un esprit de calcul. Je ne souhaite pas abandonner pour l’obtention de tel ou tel avantage mais je le fais car j’ai confiance « aux forces de l’univers » Cela bien entendu semble marcher pour un croyant qui pense que Dieu pourvoit dans l’invisible. Il n’empêche qu’il en va de même pour un homme politique comme De Gaulle ou un militant activiste comme Mandela. Mais si le fait d’être croyant suffisait à voir l’efficacité d’une pensée vivante cela se saurait depuis longtemps. Dans le premier temps de l’élaboration d’une pensée vivante et créatrice, la foi est mue en la certitude que les choses peuvent s’ordonner pour une pleine réussite. Dans un évangile de Matthieu on assiste à une guérison peu banale : celle d’un serviteur d’un centurion romain. A première vue, ce soldat romain ne partageait pas la foi d’un juif en l’existence d’un Dieu unique. Et si on lit attentivement le texte, sa demande de guérison ne s’apparente en rien à celle que beaucoup de chrétiens font au travers de prières égrenées comme de longues litanies de demandes interminables. Dans la première partie de cette anecdote biblique, l’attitude est franchement affirmative et non intéressée et le facteur numéro un c’est l’abandon à une force qui dépasse les possibilités humaines. Cela est d’autant plus remarquable dans ce passage* (à voir plus bas) Comment créer une pensée vivante créatrice ? En 1926, Grahams Wallas la définissait sous forme d’un art de penser comprenant quatre phases : Préparation, incubation, illumination et accomplissement. La première phase, c’est la préparation* : Le penseur en un premier temps prépare le sol mental pour le semis des graines. Il y a alors accumulation de ressources intellectuelles qui vont construire l’idée. C’est une phase où l’on est attentif, où on réunit tous les éléments dans un but bien précis, une raison particulière. L’esprit doit être concentré. La seconde phase c’est l’incubation ou abandon*: Il faut pendant un temps plus où moins long avoir une abstention volontaire de toute pensée consciente sur le problème. Pour y arriver on peut s’astreindre à un autre travail mental ou bien un relâchement de tout travail mental conscient en allant faire une promenade ou bien simplement en dormant. Wallas indique qu’on peut obtenir de très bons résultats en attaquant de front plusieurs problèmes tout en les laissant inachevés et en laissant notre esprit se tourner sur autre chose. Il y a alors incubation de chacun et c’est cette attitude qui est porteuse de créativité. La pensée acquiert son autonomie et devient vivante. Cette phase d’abandon selon Rohrbach dans son ouvrage « la pensée vivante » est une source formidable de créativité. La troisième règle c’est l’illumination et la quatrième son accomplissement : Pour se faire une idée de ce qui se passe, il en intéressant de laisser les écrits d’un savant célèbre Poincaré parler d’eux mêmes : « Le plus frappant est d’abord cette apparence d’illumination soudaine, un signe manifeste d’un long travail préalable, inconscient. Le rôle de ce travail inconscient dans l’invention mathématique me paraît incontestable, et des traces de celui-ci se trouveraient dans d’autres cas où il est moins évident. Souvent, lorsque l’on travaille à une question difficile, rien de bon est accompli à la première attaque. Ensuite, on prend un repos, plus ou moins long, et on s’assoit de nouveau à l’œuvre. Au cours de la première demi-heure, comme avant, on ne trouve rien, puis tout d’un coup l’idée décisive se présente à l’esprit. On pourrait dire que le travail conscient a été plus fructueux car il a été interrompu et le reste a redonné à l’esprit sa force et sa fraîcheur. » Poincaré. Il y a une autre remarque à faire sur les conditions de ce travail inconscient: il est possible et d’une certitude, la pensée est seulement fructueuse, si elle est d’une part précédée et d’autre part suivie d’une période de travail conscient. Ces inspirations soudaines se produisent après de nombreux jours d’efforts vains où l’on semble avoir fait fausse route. Pourtant ces efforts ne sont pas aussi stériles qu’on peut le penser, ils ont mis à contribution la machinerie subconsciente qui travaille dans et quand on lâche prise. Il semble bien qu’à l’intérieur de chacun d’entre nous il existe une partie de nous inconsciente qui n’est en aucun cas purement automatique, qui étant capable de discernement, de tact, de délicatesse, sait choisir, trouver les éléments que la conscience normale ne peut atteindre et qui réussit là où la partie consciente a échoué précédemment. Il suit alors une réalisation qui n’est pas forcément celle que nous avions formulée au préalable. Dans cette dernière étape, des efforts sont faits pour voir si l’ « heureuse idée » résout effectivement le problème. Certaines « grandes » idées ne fonctionnent pas toujours dans le quotidien, cette dernière étape est d’une importance vitale pour le succès de tout projet. La parfaite application des règles ci-dessus n’est nullement une garantie absolue de réussite car ce n’est pas une simple et mécanique application de principes techniques. L’émission correcte d’une pensée créatrice n’entraîne pas nécessairement le succès dans la forme où on le prévoyait. Conditions d’une réussite : Il faut abandonner l’idée qui fait croire que pour être créatrice la pensée doit être fixée sans répit sur un but, stabilisée dans une certaine attitude, « concentrée » sur une orientation. L’illusion, c’est de croire qu’une pensée entretenue comme une obsession puisse avoir une réalisation matérielle viable. Elle doit avoir une mobilité telle qu’elle tient compte du mouvement de la vie et de son adaptabilité. Cependant, ce qu’il faut dans la première partie, avant même de discerner les moyens, c’est de se fixer un but et c’est ce dernier qui va orienter les actions qui suivront. Le plus grand danger n’est pas l’erreur de but car il est toujours possible de corriger ou d’ajuster une orientation à partir des expériences. Le plus grand danger est de ne pas avoir de but car l’homme est alors le jouet des évènements et l’esclave de son milieu. Pour y arriver on tentera de voir les choses telles qu’elles seraient si elles étaient satisfaisantes. C’est dons une forme de visualisation. Précisons qu’il ne s’agit pas d’imaginer l’effort à fournir pour faire aller les choses : en ce temps initial, il n’y a rien à faire, il faut voir seulement. Il faut par la visualisation « se vivre » allant comme on doit aller, dans un milieu comme il doit aller. Il n’y a pas d’autres voies par laquelle le but soit aussi catégoriquement sollicité à se définir. Cependant, la vision du but doit rester souple, se modifier ou se compléter selon le mouvement des circonstances. Il nous faut nous apprêter sans cesse à l’élargissement de cette vision. En fait, il est rare que l’on atteigne le but comme on l’avait imaginé au départ. Le but peut être atteint d’une manière si imprévisible qu’il n’est jamais qu’un point de départ pour la découverte de nouveaux horizons. La visualisation n’est donc pas un chemin d’accès conduisant au but, son rôle est de concevoir le but sous des visages multiples. L’imagination pour cela est importante et active le pouvoir créateur qui est dans le cœur de l’homme et n’a pas attendu celui-ci pour voir le jour. La création dans le monde visible vient toujours après un état de latence plus ou moins long ; pour De Gaulle, il faudra attendre 1945, pour Mandela 1990, c’est dire que, dans certaines circonstances, cette période peut être longue ! La visualisation est d’autant plus efficace qu’elle est idéale pour tous les humains et non égocentrée. Elle va s’inscrire au cœur même d’un champ de pensées. Elle réclame de l’homme une conscience d’une réalité de forces auxquelles il s’adresse. Le pouvoir créateur a su s’exercer dans le monde avant l’apparition de l’homme et même sans lui. Il ne faut nullement que l’homme s’imagine être source ou raison d’être de sa création. En fait, il n’en est que l’accomplissement. Que l’on soit croyant, agnostique ou athée, nous participons tous d’un élan créateur d’une entière disponibilité. Dès lors, il ne s’agit nullement d’obtenir par une expérience de pensée créatrice une faveur exceptionnelle ou bien un miraculeux pouvoir de domination. En fait, l’homme peut se tromper en ce qu’il juge pour lui-même et les autres être le meilleur ; les forces universelles assureront alors l’ajustement nécessaire. Mais, c’est dans la mesure où il cherchera de nouvelles voies de progrès que cet homme trouvera le moyen d’élargir ses vues, de dépasser ses premières conceptions, de découvrir de nouveaux buts. L’attitude égocentrée tarit le dialogue et emprisonne l’humain dans ses propres limites. L’utilisation du pouvoir créateur de la pensée exige de se relier à quelque chose de plus grand et qui ne se soustrait pas au contexte universel. Lorsqu’un ingénieur conçoit une machine, il n’a aucune obligation morale de tenir compte des lois de la physique. Cependant, s’il les néglige, ce qu’il veut concevoir ne pourra pas être réalisé. Ce qui peut surprendre : Il est fréquent, en particulier, que l’exécution puisse s’accomplir dans des conditions bien différentes de celles dont la pensée avait tout d’abord tenu compte. C’est bien dire à quel point cette pensée est vivante car elle est à l’image de la vie : mouvement. Il résulte une apparente déviation de la trajectoire et souvent une certaine différence de forme entre la pensée et son exécution matérielle. Le fait, plutôt exceptionnel, d’une exacte conformité peut également se produire, mais toute forme de pensée créatrice doit tenir compte de l’incessante transformation de son contexte d’insertion. Tout au long de l’expérience de cette forme de pensée, il faut de la souplesse : souple dans le choix, souple dans l’attente, souple dans l’observation des faits, en fait toute rigidité est néfaste. Cependant, les obstacles humains sont ceux de la possession et de l’orgueil car ils rigidifient le mouvement vers l’Universel. Les conditions d’une bonne mise en route et d’une bonne conduite de l’expérience sont claires : mobilité, adaptabilité, motivation pour un but bien précis. C’est l’idéation de Christophe Colomb qui le conduisit sur les flots de l’Atlantique pour trouver la route des Indes. Il n’empêche que si ce ne fut pas celle-ci qu’il trouva, ce fut un continent neuf qui fit son apparition pour ces hommes épris d’Absolu. Christophe Colomb put convaincre les souverains espagnols du bien fondé de cette expédition pour la financer. Sa pensée créatrice fut le début d’une grande aventure…. La pensée créatrice est féconde quand elle ne se limite pas simplement au petit moi égocentrique et qu’elle intègre l’humanité. Souvenons-nous de cet appel de l’Abbé Pierre sur les ondes de radio Luxembourg en 1956 : « Frères au secours, des hommes meurent dans la rue, j’ai besoin de vous… » il abandonna cette pensée sur les ondes radiophoniques et elle trouva un écho de générosité comme jamais en France on n’avait pu le vivre. La pensée créatrice, vous pouvez la vivre dans votre quotidien et un livre réédité « La pensée Vivante » peut vous y aider. Cependant, la lecture simple de ce qui est écrit et ce simple Abandon aux forces de la vie peut vous apporter un secours inestimable. Roland Reymondier Conseiller en produits de nutrition