Emile Coué : le père de la pensée positive Emile Coué fut en son temps un homme prestigieux qui fit courir les foules dans le monde entier. Les Américains le surnommaient « le marchand de bonheur ». Ses livres furent tirés à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et traduits en vingt langues. Cependant, il faut reconnaitre que c’est en France qu’ils connurent le moins de succès : ne peut-on pas dire que « nul n’est prophète en son pays » ? Emile Coué naquit en 1857 à Troyes. Il voulut en un premier temps consacrer sa vie à la chimie et être, à l’image de Pasteur, un chercheur désintéressé. Cependant sa situation matérielle ne lui permit pas cette démarche. C’est donc en toute modestie qu’il se tourna vers les études de pharmacie. Après quelques années passées à Troyes où il put acquérir une certaine aisance qui le libéra des soucis financiers, il se retira à Nancy et réalisa son rêve : poursuivre ses études à sa manière, c’est-à-dire totalement désintéressé. On aurait pu croire qu’il le ferait dans le cadre de la chimie pure, et bien non, son travail sera consacré à l’humain, à cet Homme qu’Alexis Carrel désignera comme un grand Inconnu. Les belles découvertes de Coué Cet humble pharmacien humaniste, par ses simples observations et initiatives, va mettre au point une méthode simple (pas simpliste), pragmatique, accessible au plus grand nombre et surtout… gratuite… Cela ne plaisait pas à l’élite intellectuelle de l’époque et aux vendeurs de méthodes plus ou moins ésotériques. Coué, comme il le dit lui-même, n’a rien inventé. Il ne fait que reproduire des phénomènes psychologiques qui déclenchent des effets, précisément, parce qu’ils répondent à des lois reproductibles pour tous. Sa technique est, comme il l’affirme lui-même, une méthode « d’autosuggestion consciente » qui s’intéresse à l’inconscient. Elle permet de mettre en place, par soi-même, l’effet placebo dont on parle beaucoup actuellement. Emile Coué avait ceci de caractéristique, c’est qu’il était un très fin observateur du comportement humain. C’est dans son officine qu’il va voir que les explications techniques sont intéressantes pour ses patients mais bien souvent insuffisantes. Ce qu’il comprend alors, c’est que le patient veut à tout prix recevoir en priorité, à la suite d’une dédramatisation de son cas, un sentiment de soulagement et de guérison. C’est ainsi que Coué n’hésita plus à associer aux remèdes qu’il donnait, ses conseils rassurants et encourageants. Chaque fois, il fut étonné de constater la rapidité de soulagement des symptômes alors que ses médications n’avaient pas la même rapidité d’action. Un jour, une de ses clientes se présenta à sa pharmacie insistant pour obtenir un médicament seulement délivré sur ordonnance. Voyant sa détresse, Coué se résout à lui vendre un flacon d’eau distillée en lui affirmant : « Ce produit a une telle efficacité qu’il ne faut en aucun dépasser les doses prescrites. Vous allez voir, cela vous fera le plus grand bien » Quelques jours suffirent pour que la cliente revienne ravie affirmant à qui voulait bien l’entendre qu’elle était guérie. C’est ce fait qui troubla le plus notre jeune pharmacien : comment un produit banal, l’eau distillée pouvait-il guérir ? Seule l’attitude de Coué pouvait expliquer l’aspect curatif du remède. Bien entendu, la seule prise d’eau distillée ne pouvait pas donner une explication logique de guérison. Comment Coué pratiquait Emile Coué voulut reproduire le même petit miracle qu’il avait entrevu dans son officine. Ce qui fit toute l’originalité de Coué c’est qu’il ne se résolut pas à un simple constat de guérison. Affronter l’incompréhensible, trouver les mécanismes de guérison et enfin les comprendre c’est cela qui motivait sa démarche. Ce qui fit aussi l’originalité de sa démarche c’est que, dans ce domaine psychologique, il se conduisit comme un chimiste. Il utilisa la méthode expérimentale, fidèle à la vraie démarche scientifique. Il observa les phénomènes et trouva les règles qui régissent la guérison par la suggestion En un premier temps de son travail psychologique, il entreprit de lire tout ce qui avait paru en France et en Amérique sur ce sujet. Il fit même connaissance avec l’hypnose qui se pratiquait à grande échelle au début du siècle dernier. D’ailleurs, c’est à Nancy qu’il va rencontrer un géant de la psychologie du début du siècle: Le Docteur Bernheim, neurologue de réputation internationale, qui voyait en l’hypnose une pratique suggestive prompte à résoudre une multitude de troubles que l’on désignerait aujourd’hui comme psychosomatiques… C’était la suggestion, pour Bernheim, qui était la clef de la compréhension de l’hypnose. Puis un jour, Coué ferma sa bibliothèque, abandonna ses recherches « académiques » et décida de lire uniquement dans le livre de la nature en observant les nombreux sujets qu’il avait décidé de rencontrer. Sinon, disait-il « J’aurais pensé par les autres et non par moi-même ». C’est là qu’il va formuler sa propre technique qui s’avéra redoutable en efficacité. Ainsi, dès 1910 à Nancy et, à tout moment rigoureusement fidèle à sa méthode d’expérimentateur, il appliqua désormais ses connaissances dés leur acquisition. Il était tout à la fois réaliste et réalisateur. Dans sa petite villa de la rue Jeanne- d’Arc, il devint évident pour lui de réunir des personnes pour mettre en application son procédé. Les séances se feront en public… A l’inverse du docteur Knock pour lequel « un bien-portant est un malade qui s’ignore », pour Coué, « un malade est un bien portant qui s’ignore tout autant » Au début, une trentaine de personnes venaient donc assister aux «séances Coué» Un habitué Hugh Macnaghten s’exprimait ainsi: « Après que Coué nous ait parlé à chacun, il nous demanda de fermer les yeux et récita ce que j’appelle son Evangile de santé. Nous n’avions qu’à écouter sans effort ; une sage passivité nous était demandée. Coué affirmait ensuite ceci…. Avant de vous endormir complètement, n’oubliez jamais de dire cette phrase : « tous les jours et à tout point de vue, je vais de mieux en mieux». Répétez-là vingt fois … et pour ne pas avoir à compter, égrenez au fur et à mesure une ficelle sur laquelle préalablement vous aurez fait vingt nœuds.» Cela semble bien enfantin, cela l’est effectivement et cependant c’est bien plus que cela. Il y eut plusieurs épisodes cocasses tel celui où Coué, ayant à peine fini de parler d’une certaine cure contre la constipation, vit le patient à qui il s’adressait, forcé de sortir rapidement de la pièce, annonçant, triomphalement, que les éléments allaient justifier la prédiction. Il y a aussi l’épisode de ce monsieur qui ne faisait qu’accompagner son épouse souffrant d’asthme et, qui lui se trouva guéri sans l’avoir voulu, d’un eczéma dont il avait renoncé à se soigner car aucun traitement ne semblait convenir… Par la suite, Coué va faire ses séances publiques dans une salle de conférence où se pressaient plusieurs centaines de personnes. Il semblait bien que la méthode portait ses fruits par l’attitude même de son propagandiste, voici ce qu’en disait un certain Docteur Draper de New York: « Monsieur Coué n’est pas grand, il est trapu, il a la barbe en pointe et la moustache grise; sous ses sourcils plutôt rares, brillent une paire d’yeux noirs scrutateurs, capables d’exprimer tour à tour, très vivement, l’enjouement, la sympathie, la joie. Sa gaîté est ce qui frappe le plus… par d’habiles paroles bien placées, il réussit à faire rire tout le monde, le malade en premier» Coué se comportait toujours de la même façon, avec bonhomie et altruisme, car toutes les séances se faisaient gratuitement. Littéralement infatigable, il fonda des Instituts Coué en Angleterre, Allemagne, Etats-Unis, Belgique et bien sûr en France. Les principes de base de sa technique Emile Coué disait:« Ce n’est pas la Volonté qui est la première faculté de l’Homme mais l’Imagination ». Coué rajoutait encore ceci: « A chaque fois qu’il y a conflit entre imagination et volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte et, dans ce cas, nous ne faisons pas ce que nous voulons, mais justement le contraire». La technique Coué repose sur le moyen d’être maître de notre imagination pour assurer une pleine maîtrise de soi-même. On pourrait croire qu’il réfutait l’utilisation de la volonté, en fait, il n’en était rien ! Il disait simplement que, sans le secours de notre imagination, notre volonté était vaine… Ainsi, peut-on dire que Christophe Colomb « imagina » le périple de la route vers les Indes et c’est cela qui lui « donna » la volonté de le faire. Il affirmait que beaucoup de personnes faisaient la déclaration suivante: «Je veux bien m’arrêter (par exemple de fumer) mais je ne le peux pas… Et bien toujours lui, le seul fait de mettre un MAIS enlevait toute possibilité d’accomplir ce projet… Chaque fois que l’on dit « je veux faire telle chose MAIS…. Non seulement nous ne faisons pas ce que nous avons décidé, MAIS nous faisons justement le contraire… Par contre, il suffit que nous décrétions JOYEUSEMENT, je m’engage à entreprendre telle chose et elle est facile à faire. Nous imaginons la facilité avec laquelle nous l’entreprenons et bien c’est cela qui va donner la volonté de le faire. Il nous est apparu judicieux, en un premier temps, de vous parler d’Emile Coué. Ce texte correspond à un première partie… cela vous conviendrait-il de nous retrouver pour une seconde partie qui pourrait s’avérer une approche tout à la foie théorique et pratique de cette fameuse méthode Coué. Roland Reymondier Conseiller en produits de nutrition