La nature pour école pratique et l’émergence créative Par Virginie Bourgogne – La Vie est organisée selon des lois, lois qui nous dépassent, qui trouvent leur origine aux origines de l’univers, et chaque être vivant y est soumis. Aujourd’hui, à force d’ignorance, l’homme moderne, dénaturé, a oublié cet ordre du monde. Il est là sur terre comme on jouerait à un jeu sans en connaître les règles, avec par conséquent toutes les probabilités de perdre la partie. Mais il est le seul a avoir oublié, car l’ensemble des êtres vivants, flore, faune, écosystèmes, macrocosme et microcosme est régi par ces lois et en témoigne. A cet éclairage-là, l’enseignement de la nature prend tout son sens et il est sacré. Pour qui sait observer, pour qui sait accueillir, la nature toute entière est là pour rappeler ce qui semble perdu : l’intelligence de la Vie. La nature pour école, selon l’observateur, livrera ses enseignements en une multitude de formes, car la Vie se déploie en une richesse infinie de manifestations. En pratique, la nature me parle de cycles : cycle des saisons, lunaire, circadien, respiratoire, féminin… Le temps est cyclique et chaque phase comporte ses spécificités, son rythme et son énergie propre, ses potentialités… Reconnaître ces cycles et les respecter, voilà déjà tout un programme ! Les saisons, par exemple. Il est assez évident lorsque l’on observe la nature, que la période d’activité prépondérante est à la saison estivale, saison de plénitude et d’expansion, alors que l’hiver est un temps d’intériorisation où en apparence rien ne se passe ; les journées sont les plus courtes, l’heure est au repos. Pourquoi donc travailler de manière effrénée l’hiver et partir en vacances l’été ? Pourquoi commencer l’année scolaire à l’automne, période de récolte, de tri, de bilan et de déclin, quand le véritable point d’émergence de l’énergie saisonnière est au printemps ? A y regarder de plus près, l’homme moderne fonctionne à l’envers ! Le constat n’est pas différent sur le cycle d’une journée. Observons les animaux sauvages : ils n’ont ni montre ni horloge, ils se réveillent quand ils sont reposés, mangent quand ils ont faim, s’arrêtent de manger quand ils sont rassasiés, se couchent quand la nuit tombe pour les animaux diurnes, ou à l’aube pour les nocturnes… Leur horloge biologique ne les trompe pourtant pas sur le temps de leur vie. C’est d’une simplicité déconcertante, mais qui, dans son quotidien, se met à table sur l’injonction de l’appétit plutôt que de la montre ? Qui, le soir venant, s’accorde le repos aux premiers signes de fatigue ? Qui peut encore se payer le luxe d’un réveil naturel ? On pourrait développer encore longtemps ces évidences qui n’en sont plus pour beaucoup. Voilà une première clé pratique d’enseignement de la nature. Etre à l’écoute de ces cycles, de son rythme propre, c’est rentrer en relation intime avec le vivant et accéder à son plein épanouissement. La bonne heure, c’est le bonheur ! A l’écoute de la nature On pourrait observer dans la nature l’interaction systémique et le partenariat de vie qui permet l’équilibre de chaque partie dans le tout. Voilà là le point de départ de la permaculture, qui pourrait trouver des applications dans bien d’autres domaines qu’agricole, dès qu’il y a système, dès qu’il y a interaction entre plusieurs entités, individus, sociétés, groupes en tout genre. On pourrait encore noter le flux continuel, la permanente impermanence, le mouvement qui jamais ne fige (quoique les apparences puissent être parfois trompeuses). Je pense à ce niveau à une analogie qui a été établie au sein d’un groupe de réflexion sur l’argent, point problématique entre tous, et la circulation sanguine. A la base, l’argent est un moyen d’échange. Tout comme le sang est responsable des échanges gazeux dans l’organisme biologique, l’argent circule dans l’organisme social, permettant des échanges vitaux pour l’ensemble. Les lois qui régissent l’équilibre physiologique, appliquées par analogie à l’équilibre de la société ou de l’économie, pourraient se révéler particulièrement pertinentes. La notion de limite La notion de limite, qui est une autre nécessité du vivant souvent mal comprise, peut se reconnaitre au sein de la nature comme facteur de croissance. J’en ai fait l’expérience au cours d’un stage consacré à l’étude symbolique de l’embryologie. De manière assez schématique, l’ovule fécondé par le spermatozoïde devient un œuf unicellulaire qui, par divisions cellulaires successives, donnera au bout de quelques jours un amas de cellules appelé morula. Au cours de cette phase, la division cellulaire se poursuit, de manière exponentielle puisque chaque cellule mère donne deux cellules filles, mais les dimensions de la morula demeurent constantes. Toute cette phase de création cellulaire se fait à l’intérieure d’une limite, dans une dimension finie. Ce n’est que dans la phase embryologique suivante que l’œuf augmentera son volume. Cette notion peut donner des clés de compréhension dans des domaines aussi divers que l’économie, la gestion, l’éducation etc. mais bien sûr également bien au-delà, dans la compréhension essentielle des phénomènes du vivant. L’approche des amérindiens Une autre approche, véritable illustration de cette nature qui enseigne, est le témoignage des amérindiens qui nous disent qu’en observant une plante, on connait ses vertus et ses indications. Ce décodage symbolique, Charles-Rafaël Payeur l’a appliqué aux organes et fonctions du corps, pour en déduire leurs finalités et les enjeux associés. La concordance avec les notions transmises par la physiologie, ainsi que les enseignements issus de l’étude des noms hébreux est impressionnante de validité ! Peut-être alors que pour être enseigné par la nature, il convient simplement d’apprendre à la voir. Ainsi, tout ce que nous pouvons observer dans la nature, pour peu de chausser « les bonnes lunettes », est source d’enseignement, témoignage et invitation à retrouver la cohérence du vivant dont nous sommes pétris, que nous en soyons conscients ou non. Virginie Bourgogne Naturopathe Cofondatrice de Naturilys www.naturilys.fr