Papa lion ou Papa loup ?

Devenir-Parent1Devenir parent – Une autre manière de voir le don de la vie et de s’y préparer –
Papa lion ou Papa loup ?
par Danièle Starenkyj ©2015 www.publicationsorion.com
De nombreuses civilisations, dont la nôtre jusque dans les années 1990, ont systématiquement éloigné le père de la naissance,

entravant par le fait même l’attachement de celui-ci à son enfant.

Margaret Mead, anthropologue, explique ce phénomène ancien ainsi : les sociétés qui ont besoin que les hommes quittent leur foyer pour aller les bâtir, savent très bien que si les nouveaux pères pouvaient s’occuper de la mise au monde et de l’éducation de leurs enfants, ils seraient tellement « accrochés » qu’ils ne quitteraient pas leur foyer pour aller faire la guerre.

Effectivement, les pères, tout comme les mères, ont une immense capacité d’attachement envers leurs enfants. Cet attachement permet de combler un besoin fondamental de l’être humain : la faim d’une présence paternelle, présence qui favorise le développement tant du garçon que de la fille.

De nombreuses études ont établi, hors de tout doute, la contribution unique du père dans la vie de ses enfants. En effet, si les mères maternent leurs enfants, les pères les paternent. Mères et pères sont, les uns et les autres, des éducateurs compétents mais leur compétence s’exprime toujours différemment.

Le bébé le sait bien lui qui, dès la naissance, sait distinguer entre sa mère et son père. C’est étonnant, mais il réagit physiologiquement autrement selon que l’un ou l’autre s’approche de lui pour le prendre. Dans l’attente de sa mère, les rythmes cardiaques et respiratoires du bébé ralentissent alors que dans l’attente de son père, ils s’accélèrent.

Très jeune, le bébé comprend que ses rapports avec sa mère sont feutrés, doux, et verbaux, alors qu’avec son père, ils sont joviaux, enjoués, et physiques. Les pères aiment jouer avec leur enfant, et chacun en tire un grand plaisir. Qui ne se souvient du papa qui joue au cheval avec son petit s’agrippant à son dos ?
On affirme que dès six mois, un bébé dont le père s’occupe activement est mieux développé cognitivement, plus sociable, et plus résilient en face de situations stressantes.

À la recherche des divers modes d’expression du comportement paternel chez les animaux, les scientifiques ont observé qu’il se manifestait principalement chez les animaux monogames : certains poissons et batraciens, chez la majorité des espèces d’oiseaux, mais aussi chez des mammifères dont le loup et le castor, tous les deux fidèles à leur femelle, et élevant leurs petits avec soin et tendresse.

Les observations des biologistes sont unanimes, à savoir que les espèces qui forment des couples à long terme sont celles dans lesquelles on retrouve le plus fort investissement paternel. Les mammifères volages, et particulièrement, les mammifères polygynes (plusieurs femelles pour un seul mâle) présentent plus de négligence envers les petits, plus d’abus, plus de mort accidentelle. En fait, on parle du lion infanticide et du loup monogame.

Ironiquement, le roi des animaux se révèle d’une très grande cruauté envers les lionceaux des femelles qu’il s’est approprié et qui ne sont pas les siens, alors que le loup protège ses petits, veille au nourrissage de la mère et des petits, défend les louveteaux face aux prédateurs, joue avec eux, et même s’occupe de leur toilette.

Une éducation également partagée entre le père et la mère permet à l’enfant un profond attachement à son père qu’il perçoit comme différent de sa mère sur tous les plans. Et cette différence bien perçue l’aide à se différencier à son tour de sa mère, et à développer un juste sens de son individualité. Elle lui permet d’avoir, le temps venu, la force du détachement heureux.

Respectons le rôle égal de l’homme et de la femme face à la vie à venir, qui vient, et qui est venue. Réalisons la nécessité de leur réciproque implication à toutes les étapes de la vie pour en favoriser le plein épanouissement.

Car s’il est un lieu où l’homme et la femme sont égaux, c’est bien face à la vie qu’ils ont donné ensemble.

Danièle Starenkyj © 2015

Danièle Starenkyj

(Pour approfondir ce thème, voir le livre DEVENIR PARENT – Vivre un nouveau paradigme, Orion, 2014)