Dysbiose et perméabilité intestinale-1ère partie: La digestion, une vraie alchimie Photo Wikipédia Malbouffe – Que nous mangions un rôti de porc, une tarte aux pommes, un hamburger, un plat de millet, en fait, nous n’absorbons toujours que des glucides, des lipides et des protides. Pour assimiler ces trois groupes d’éléments dont notre corps a besoin, trois groupes d’enzymes nous sont indispensables : les enzymes protéolytiques nommés protéases qui scindent les protéines en acides aminés plus petits, les enzymes lipolytiques(lipase) qui désintègrent les graisses et les enzymes amylolytiques( amylase) qui décomposent les hydrates de carbone. Ce remaniement enzymatique commence dès la première bouchée car l’aliment est aussitôt pris en compte par l’amylase salivaire lors de la mastication. Notre corps, curieusement, semble s’occuper en priorité de l’assimilation des hydrates de carbone. Le système digestif s’occupe d’abord d’eux puis ensuite, seulement, des protides et enfin des lipides. Accompagnons la nourriture, depuis la bouche, pendant tout son itinéraire, avec toutes les transformations successives. L’estomac d’abord Le bol alimentaire transite à travers l’œsophage dans l’estomac qui est d’autant plus à l’aise que ce bol a été bien trituré par la mastication et bien imprégné de salive. A l’arrivée de l’envoi via l’œsophage, l’estomac émet un message hormonal vers la vésicule biliaire et le pancréas pour les inciter à élaborer leurs enzymes en quantité suffisante en prévision du travail intestinal. Les amylases de l’estomac poursuivent la digestion des hydrates de carbone, commencée par l’enzyme salivaire. Enfin, les protéines de l’aliment sont attaquées. Pour arriver à ses fins, l’estomac secrète tous les jours entre un et deux litres de suc composé essentiellement d’acide chlorhydrique et de plusieurs protéases comme la pepsine et la cathepsine qui démantèlent les protéines. Le nourrisson a une enzyme en plus, appelée chymosine ou labferment, qui s’avère importante pour l’utilisation des protéines du lait maternel. L’acide chlorhydrique doit principalement activer les enzymes protéolytiques pour rendre possible l’action de ces protéases. L’acide chlorhydrique trouve son utilité dans une production hormonale de l’estomac et il détruit certaines bactéries contenues dans le bol alimentaire et de plus favorise l’absorption par le système circulatoire des minéraux et des oligo-éléments dont certains se comportent comme coenzymes. Le pylore évacue ensuite la bouillie par portions hors de l’estomac vers la première partie du duodénum. Même si beaucoup le pensent, l’estomac n’est en aucun cas le lieu principal du traitement de nos aliments. Le duodénum ensuite… Le travail le plus minutieux se fait dans le duodénum d’où l’importance des messages hormonaux déjà émis par l’estomac en direction du système endocrinien. Cela permet à l’intestin de disposer d’une quantité suffisante de suc d’origine pancréatique. Le pancréas entre en jeu Le pancréas fournit tous les jours en plus de l’insuline et du glucagon l’équivalent d’un litre et demi de suc gastrique au duodénum. Il possède essentiellement les trois groupes d’enzymes déjà citées : Des enzymes protéolytiques ( protéases)- En font partie : la trypsine, la chymotrypsine ainsi que les peptidases et les élastases. Elles sont capables de désagréger 300g de protéines par heure. Des enzymes lipolytiques( lipases) qui vont traiter 175g de graisse par heure. Pour ce travail, la graisse est d’abord solubilisée par la bile. Cette solubilisation se nomme émulsification. Des enzymes amylolitiques (amylases) conditionnées pour dégrader 300 g d’hydrate de carbone par heure. L’intestin grêle suit… Après avoir été transformés dans le duodénum par les enzymes en petits fragments facilement assimilables par le corps, les nutriments sont transférés dans les deux segments de l’intestin : le jéjunum et l’iléon. C’est à cet endroit qu’à lieu l’absorption des matières nobles pour les cellules du corps. l’absorption se fait dans les sections de l’intestin grêle un peu comme le tri de pièces placées sur un tapis roulant : tout au long du trajet, des éléments structuraux sont prélevés du chyme (nom de ce bol alimentaire) et introduits dans le système circulatoire à travers la paroi de l’intestin. En fait, si l’absorption au travers de l’intestin grêle dysfonctionne, c’est tout le système digestif qui cesse sa fonction. Des rétroactions qui remontent jusqu’à l’estomac se développent et alors ce que l’on nomme dyspepsie sera assuré. Le gros intestin termine la tâche Les matières non utiles restent dans l’intestin comme des détritus. Elles sont déshydratées, concentrées pour aboutir au gros intestin et finir sous forme de selles dans le rectum. En fait, même là, il y a une certaine exploitation de matériaux car dans nos intestins une flore indigène de micro-organismes trouve de quoi survivre dans ces reliefs alimentaires totalement délabrés que sont ces déchets. Ces organismes se sont installés dans notre intestin et nous sont étrangers et, ce sont des parasites, parfois bons, parfois mauvais. Curieusement, quand ils fonctionnement sainement, notre corps ne réagit pas contre eux alors que notre système immunitaire devrait les percevoir comme des corps étrangers à notre organisme. Si, quand tout va bien, notre corps fait exception pour cette flore bactérienne exotique du gros intestin, c’est qu’il y trouve son compte. C’est une parfaite symbiose qui fait que ces micro-organismes génèrent des produits accessoires dont notre corps fait bon usage comme la précieuse vitamine K et même la vitamine B12…. Qu’est-ce qui ne va pas dans notre manière de manger ? Les protides, lipides et glucides ainsi que les vitamines, minéraux et oligo-éléments sont bien présents dans notre diète quotidienne. Curieusement, c’est la vie qui y est le moins. (il y a absence de petits êtres vivants qu’on trouve tout le temps dans l’alimentation des peuplades saines vivant en symbiose avec la nature) Ainsi les ananas frais et mûris naturellement sont riches en bromélaïne, une enzyme protéolytique qui est totalement absente dans les ananas en boîte. En faisant cuire leurs aliments, nos ancêtres ont bien fait plaisir à leur palais mais ont appauvri leur système digestif puisque la cuisson détruit presque toutes les enzymes de la nourriture. L’alimentation est devenue une industrie à part entière et parmi les produits mis sur le marché, la plupart sont dépourvus de vie. Les aliments visés sont les farines et le sucre raffinés qui ne sont que des hydrates de carbone vides qui contribuent aux multiples maladies de civilisation dont nous souffrons tous. Pourquoi faire du gluten et du lait les boucs émissaires de nos problèmes alimentaires ? Il faudrait aussi partir en guerre contre les pommes frites, le ketchup, les petits pains blancs, et les boissons au cola. Pourrait-on envisager de cesser de faire griller de la viande dans des barbecues ou de remplacer les boites de conserve par des graines germées ? Une chose est certaine, nous aurions déjà gagné un certain bien être en mettant sur la table avant le repas principal une assiette avec de la salade, des carottes, des betteraves crues, du fenouil, du céleri râpé. On pourrait imaginer qu’en cuisinant à la vapeur et en usant de moins de sel, en utilisant des nutriments riches en enzymes comme la choucroute crue et les graines germées, on puisse encore améliorer les choses. Prenez pour exemple les japonais qui quotidiennement mangent du miso sous forme de potage ou de sauce, et bien quotidiennement, ils pourvoient leur organisme en enzymes vitaux. Il y a plusieurs millénaires, les paysans japonais qui cultivaient le soja inventèrent un mode d’absorption de cette plante tout à fait original. Car en fait, à l’état brut, le haricot de soja ne peut s’absorber…. Même cuit, ce n’est pas vraiment un bon aliment sans l’intervention de l’homme… Le génie de ces gens d’Orient c’est que le soja est mis en fermentation avec l’aide d’une moisissure. Celle-ci est un champignon nommé aspergillus oryzae qui contient des enzymes très actives qui portent le nom de pronases. Le miso n’est prêt à la consommation qu’après des années de fermentation. Pendant ce temps d’incubation, les pronases conservent toutes leurs potentialités protéolytiques qu’elles utilisent pour scinder les protéines rencontrées dans le bol alimentaire. Les scientifiques japonais sont même allés jusqu’à la culture de ce champignon microscopique pour en extraire des super pronases. En fait, ces pronases permettent de réduire les grosses molécules de protéines (viandes, légumes secs, fromages et œufs) en très petites molécules d’acides aminés. Dans le processus digestif, les molécules « géantes » de protéines ont de grosses difficultés à être vraiment assimilables et assimilées alors que dans un bol de soupe miso les molécules d’acides aminés sont tellement petites que le corps les absorbe sans aucun effort. C’est l’effet des pronases liées au champignon microscopique. L’intolérance au gluten est liée à un défaut enzymatique Lorsque la nourriture se déplace dans l’intestin grêle supérieur, elle va normalement, lorsque l’écologie alimentaire est saine, se trouver en contact avec des milliards de bactéries qui travaillent de concert avec de multiples enzymes et les aliments vont se dégrader en si petite particules qu’elles vont être transportées dans le flux sanguin. Nous savons qu’en fait, les enzymes responsables de la dégradation du gluten sont des protéases ou encore enzymes protéolytiques. Le gluten est composé de très grosses molécules protéiques que le corps, s’il est dépourvu d’enzymes efficaces, est dans l’incapacité de digérer… Ces molécules vont alors se comporter comme des éléments agressifs à l’encontre du tissu fragile de l’intestin et vont devenir non seulement des éléments irritants mais aussi créer une forme d’allergie responsable de la destruction des villosités de l’intestin. On a tué les valeurs de notre pain quotidien : Depuis l’aube de l’humanité, le pain était symbole de santé. Dans la prière du Notre Père, il est fait référence au fait de donner du pain quotidien… Cependant, dans les boulangeries dans lesquelles il était fait artisanalement, on le confectionnait avec soin à partir d’une fermentation faisant intervenir une moisissure qui permettait comme les pronases dont nous avons parlé, de faire de la farine brute un produit vivant hautement assimilable. Cependant, gardons nous de croire que le levain d’un boulanger d’antan soit si facile que cela à réaliser… Il suffit simplement de mettre de l’eau du robinet dans le pâton pour que cela ne fonctionne pas, l’eau du robinet étant stérile ! (il y a du chlore !) Le levain dont il est question est produit à partir d’un champignon lui aussi microscopique Saccharomyces cerevisia qui reste encore vivant si le pain n’est pas fait à trop haute température, comme dans les fours en briques de nos aînés. Le vrai pain de blé était la base de l’alimentation végane de Geffroy, le père de La Vie Claire. En fait, les personnes qui pratiquaient les bases du régime de Henri Charles Geffroy voyaient leur état de santé s’améliorer considérablement. Qui n’a pas connu le vrai pain « la vie claire » des années 1970 n’a rien connu et à ce jour il existe très peu de pains, même biologiques, qui aient les qualités que l’on est en droit d’attendre d’un pain quotidien ! Dans nos régions avec une alimentation morte le corps, en un premier temps va faire usage de ses propres enzymes qu’il fabrique dès la naissance et ce dernier va insensiblement se tarir. Le secret d’une alimentation pourvue en micro-organismes vivants Depuis que Pasteur a décrété que les microbes étaient pour ainsi dire tous des agents pathogènes, nos médicastres nous ont habitué à nous en méfier. La pire chose qu’ont pu subir nos aliments c’est ce principe que l’on applique sur l’alimentation : la pasteurisation. Bien sûr, la congélation et les irradiations ne valent pas mieux et la stérilisation ne trouve pas non plus de grands avantages à nos yeux. Depuis l’aube de l’humanité, les humains consomment dans tous les endroits du monde des aliments non seulement riches en enzymes mais aussi en micro-organismes. Ce sont de petits êtres vivants qui sont tous indispensables pour la vie sur terre. Ils transforment, en se multipliant, les éléments où ils vivent, en rejetant les résidus qui sans leur existence ne pourraient se décomposer. Ainsi s’effectuent les fermentations, les putréfactions. Ils régénèrent la terre, purifient l’eau et décomposent les corps morts. Ainsi, nous sommes entourés partout de micro-organismes. Nous en avons sur la peau où ils éliminent les tissus de sudation, ils colonisent nos intestins où ils sont les principaux agents de digestion. Chaque personne qui lit ce texte a une colonie bactérienne qui lui est propre. Il en est de même pour les animaux et les plantes. Un légume cultivé biodynamiquement a des bactéries et des levures bien différentes d’un légume cultivé conventionnellement. Un lait fermenté est peuplé de milliards de germes actifs dont le lait pasteurisé est complètement dépourvu. Alors que faire ? Se mettre à la mode du Sans Gluten et du Sans Laitage ? Pourquoi pas, mais si vous avez été sensible à la lecture de ce texte, vous avez compris que cela ne résolvait pas les attentes de votre corps…même si, dans l’urgence, et vu les désagréments que vous subissez, ce soit compréhensible. Les désordres intestinaux sont nombreux et en ce moment même, vous êtes désemparés et vous pensez que bien que le titre de ce texte soit évocateur, il ne vous permet pas de répondre à l’attente qu’il suscite. Il nous fallait vous donner des éléments de base pour que vous soyez capables de savoir sur quelles bases reposent vos problèmes… alors donnez nous la possibilité de vous retrouver dans un second volet pour évoquer quelques solutions pratiques. Roland Reymondier Conseiller en produits de nutrition La suite: Dysbiose intestinale: toute une histoire…(2ème partie) Pour en savoir plus: Gluten or not gluten par Gilles Corjon Avec gluten ou sans gluten par Danièle Starenkyj Le pain serait-il maudit ? Gluten ou pas gluten ? par Roland Reymondier