La théorie de Dieu ou des signatures Photo noix Wikipédia – Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour voir une ressemblance entre le petit haricot azuki et la forme d’un rein qu’il est sensé soigner. De même, il apparait évident qu’une ressemblance puisse s’établir entre le jus de grenade et le sang, le lobe d’une feuille d’oxalie et le cœur, la feuille d’hépatique et le foie. Tout le Moyen âge, les médecins attentifs à tout ce qui confirmait le principe unique régissant le monde, recherchaient les exemples de telles ressemblances. Ils y voyaient la main de Dieu, le signe par lequel, à la Création, il avait indiqué les vertus curatives des plantes. C’est ce qu’on appelait la théorie des signatures. Dans l’ensemble, tous les botanistes de l’époque acceptaient cette approche. Au dix septième siècle le botaniste Robert Turner affirmait : « Dieu a imprimé sur les plantes, herbes et fleurs, des hiéroglyphes, en quelque sorte la signature de leurs vertus ». Les tenants de la doctrine la poussaient à l’extrême si bien qu’à les entendre une herbe médicinale correspondait à chaque partie du corps humain : Leur col allongé rendait les campanules à grandes fleurs aptes à guérir les maux de gorge et leur fils soyeux faisaient des cheveux de Vénus, un excellent remède contre la calvitie. La ficaire renferme parmi ses composants un principe actif aux effets décongestionnants et antalgiques. Elle semble parfaitement adaptée pour résorber les hémorroïdes. La chélidoine, par la couleur de son suc qui ressemble à la bile, augmente la sécrétion biliaire et était recommandée en cas d’insuffisance hépatique. Cependant, laissons quand même son emploi à un thérapeute chevronné car cette plante n’est pas dépourvue d’une certaine toxicité! Quant à l’anémone hépatique, après avoir été réfutée par les analyses dans son ancienne attribution pour les pathologies du foie, elle se trouve aujourd’hui réhabilitée dans son rôle hépatique par la découverte d’un principe actif spécifique. L’aspirine est issue de la théorie des signatures ? Dans un autre registre, au XXVIIIème siècle, le pasteur Edward Stone fait le raisonnement suivant: le saule blanc a les pieds dans l’eau et n’a pas de fièvre. Ce que ressentirait un humain dans le même cas. Il doit détenir une substance qui combat la fièvre. Cette substance doit se trouver à l’extérieur du saule pour le protéger du froid. Bien sûr, de toute évidence, l’industrie pharmaceutique tira du saule le principe actif qu’on connait sous le nom d’acide salicylique et qui n’est autre que l’aspirine. Les indiens d’Amérique du sud avaient tenu un raisonnement similaire en considérant que le saule étant très souple, il devait contenir une substance qui combat l’arthrite source de » non souplesse ». Les problèmes de cœur surviennent lorsque l’on est en altitude. Il doit donc exister en altitude une plante qui soigne les problèmes de cœur. Effectivement, la digitale, qui pousse en altitude, et dont la fleur ressemble un peu à un cœur contient une substance qui soigne les problèmes de cœur. Parfois, les ressemblances laissent des doutes quant à la correspondance avec un organe. Ainsi, toujours au Moyen-âge, si la spathe et le spadice de l’arum pour les uns représentaient un phallus, pour les autres, c’était la tête d’un gentilhomme émergeant d’un haut col à la Henri II ou d’une fraise, et il y en avaient aussi qui y voyaient un bébé dans un berceau. Pour ces derniers, les mères devaient donc placer des arums auprès de leurs enfants afin de les protéger. Consommer des plantes vivaces donnait une garantie de longévité et, parce que la saxifrage s’ancre solidement dans la pierraille et que ses racines en s’y insinuant aident à la désintégration des roches et à l’ameublissement du sol, elle se voyait recommandée à qui souffrait de calculs biliaires ou rénaux. La renaissance, âge d’or de la botanique Au fur et à mesure que le champ des connaissances humaines s’élargit, l’esprit humain doit se résigner à n’en cultiver qu’une part de plus en plus limitée. Un botaniste contemporain consacrera des années à l’étude d’une seule espèce d’un processus infime, d’une structure végétale interne, mais se montera incapable d’identifier plus d’une poignée de fleurs des champs au cours d’une promenade. Il n’en était pas de même à la Renaissance, le savant de cette époque était un esprit universel. Le botaniste était aussi médecin. Il était vraiment impensable que le professionnel de la santé ne connût pas les plantes dont l’étude comportait essentiellement celle de leurs propriétés médicinales. En ce domaine de la connaissance aux limites imprécises, les botanistes se distinguèrent avec éclat! Leurs recherches sur le terrain ou en bibliothèque leur permirent d’élaborer de gros traités, souvent des chefs d’œuvres de bibliophilie avec compilation de toutes les caractéristiques connues des plantes. Il s’avère que l’invention de l’imprimerie permit de mettre à jour plus de mille années d’œuvres conservées jalousement derrière les murs de monastères ou dans les université arabes. Il ne faut dès lors guère s’étonner si l’on retrouve la tradition botaniste de la Grèce antique à travers des auteurs arabes de la Renaissance. La tradition des écrits sur la botanique des plantes médicinales remonte à Hippocrate. Ce personnage légendaire est né en 460 avant Jésus Christ. Les ouvrages qu’on lui attribue font état de centaines de plantes avec indications de leurs propriétés curatives. Cependant, n’oublions jamais que ce sont les travaux de Dioscoride, médecin de Cilicie ayant vécu au 1er siècle de notre ère, qui eut la plus profonde influence sur les botanistes de la Renaissance. Nous aurons l’occasion de traiter plus en détail cet historique des plantes médicinales mais il nous apparaît opportun de revenir au sujet qui concerne la théorie des signatures. A la Renaissance, médecins, botanistes, alchimistes étaient avant tout de fins observateurs et pour eux le principe d’analogie indique bel et bien à l’homme, la maladie ou la partie du corps qu’il peut soigner. Ce sont des célébrités de l’époque, Otto Brundels (1489-1534), Giambattista Della Porta( 1535-1615) et le non moins réputé Paracelse (1493-1541) qui nous affirmaient que, dans la nature, les plantes savent se faire reconnaitre, en vertu de leurs qualités thérapeutiques à condition que nous sachions voir. Si la théorie des signatures a fini par tomber dans l’oubli, c’est parce qu’incontestablement beaucoup de plantes médicinales ne présentent aucune ressemblance, même lointaine, avec les organes sur lesquels elles agissent. Cependant, il paraît étrange que, par exemple, la sanguinaire du Canada au latex rouge ait bien une qualité circulatoire, que la pulmonaire aux feuilles parsemées de taches blanches soit souveraine contre les maladies pulmonaires, la camomille qui a des fleurs rondes qui font songer à l’œil, apaise les maux de ce dernier…. La noix : une étrange liaison avec le cerveau La noix au Moyen-âge était souveraine contre toute douleur. Toute affection ayant son siège dans la tête dont « elle est l’image parfaite » » selon le botaniste William Cole, qui explique : «Le brou représente le cuir chevelu et par conséquent le sel fabriqué avec ce brou est excellent pour les blessures de la tête. La coque ligneuse est à l’image du crâne et le zeste, cette fine peau jaune qui sépare les quartiers de l’amande, à celle de la dure mère et de la pie-mère qui entoure le cerveau; l’amande porte la signature du cerveau et par conséquent, lui est hautement bénéfique et le protège des poisons» Cet état de fait n’a pas échappé à notre doyen de la diététique quand il créa un produit extrêmement performant dont nous avons parlé précédemment. L’apport journalier de principes actifs de noix permet au corps la production de sérotonine qui engendre le meilleur rendement cérébral qui soit… C’est en fait par la théorie des signatures qu’il trouva une solution particulièrement active à l’encontre des problèmes de mémoire, de concentration, de stress et d’anxiété… La signature de Dieu est issue d’une époque très croyante où l’on voyait dans la nature l’œuvre même de son créateur. Les choses ont bien changé, cependant l’ont-elles fait dans le sens du bien être général… Pas sûr. Roland Reymondier conseiller en produits de nutrition