L’inflammation silencieuse, ennemie jurée de votre santé Photo aspirine Wikipédia – L’inflammation est impliquée dans de nombreuses maladies incluant non seulement des pathologies articulaires mais aussi les maladies cardio-vasculaires, les cancers ou la maladie d’Alzheimer. Avec le vieillissement, l’inflammation est en effet de plus en plus présente, préparant le terrain des pathologies qui l’accompagnent. Des substances naturelles extraites de graisses alimentaires (huiles végétales oméga 6 et huiles de poissons oméga 3), capables d’inhiber les deux voies majeures de métabolisation des substances pro-inflammatoires : la voie des cyclooxygénases et celle de la 5-lipoxygénase, peuvent aider à combattre efficacement l’inflammation. L’inflammation est un phénomène naturel qui a pour principe finaliste : la guérison pour laquelle elle est conçue. Ce n’est pas un hasard si un médicament unique fut créé par le groupe pharmaceutique Bayer au début du siècle dernier. Presque tout le monde utilise l’aspirine pour les douleurs du quotidien telles que maux de tête, fièvres, douleurs rhumatismales. C’est le médicament phare de notre pharmacopée quotidienne et il est bien rare qu’on aille chez le médecin sans l’avoir déjà expérimenté. La saga de l’aspirine L’écorce de saule est utilisée pour soulager les douleurs depuis la nuit des temps pour ses effets analgésiques et anti inflammatoires. Les médecins de l’Antiquité comme Hippocrate et Galien avaient décrit les effets analgésiques antipyrétiques et anti-inflammatoires de l’écorce de saule. Les Assyriens et les égyptiens de l’Antiquité utilisaient le saule contre la douleur. En 1763, un certain révérend Edward Stone utilise la poudre de saule à l’encontre des fièvres paludéenne sur 50 patients. Ce fut la toute première description scientifique de l’utilisation médicinale de l’écorce de saule. En 1826 Henri Leroux isole un corps actif, qui, deux ans plus tard fut purifié et appelé salicine par le chimiste Johann Buchner qui signifie « saule » en latin. En 1838 Raffaele Piria de la Sorbonne produit l’acide salicylique à partir de la salicine et il faut attendre 1853 pour que Charles Frederic Gerhard créé l’acide acétylsalicylique. Il faut attendre 1876 pour qu’un médecin de Dundee, Thomas Maclagan utilise la salicine pour traiter des personnes souffrant de rhumatismes et il en rapporte les effets positifs dans The Lancet de 1876. En 1897 Félix Hoffman, un chimiste allemand qui travaillait pour la firme Bayer modifia l’acide salicylique en créant l’acide acétylsalicylique qu’on nomme alors aspirine. L’innovation de Félix Hoffmann a conduit à l’utilisation moderne et généralisée de l’aspirine pour effacer les douleurs. L’acétylisation de l’acide salicylique s’est avérée profitable d’une autre manière : une capacité de l’aspirine à prévenir les accidents cardiovasculaires. En 1899, la société Bayer commercialise un composé en poudre sous la marque Aspirin. Il était donné pour les douleurs rhumatismales et les lumbagos. Ce n’est qu’en 1915 que l’aspirine fut commercialisée sous forme de comprimés. Un heureux concours de circonstances mit en évidence les propriétés analgésiques de cette aspirine. La société Bayer en distribua à des médecins et dentistes pour tester son efficacité dans le cas de rhumatismes et de ses traitements. Un dentiste l’administra à un patient souffrant de douleurs dentaires, à la place d’un autre antalgique et là le succès fut tel que cette expérience fut renouvelée avec toujours plus de profit ! L’aspirine fut très vite recommandée pour soulager maux de tête et névralgies et toujours avec le même succès. A partir des années 1950 le succès continue avec encore plus de résultats A la fin des années 1940, on pratiquait beaucoup l’ablation des amygdales chez les enfants et actuellement cette opération n’est plus systématique. Un certain docteur Lawrence Crave, oto-rhino-laryntologiste établi à Glendale en Californie, préconisa à des patients opérés de mâcher du chewing-gum renfermant de l’aspirine appelé aspergum et ceci afin d’atténuer leurs maux de gorge. Il fut totalement étonné de constater que ceux qui consommaient beaucoup de chewing-gum avaient des saignements. Il pensa que l’aspirine des chewing-gums avait un effet anticoagulant. C’est à cette époque que les autorités de santé américaines décrétèrent que les maladies cardiaques étaient un problème épidémique. C’est comme cela que le docteur Craven prit sur lui de préconiser de l’aspirine à ses patients pour éviter les risques cardiaques. Les résultats positifs furent longtemps ignorés par les scientifiques d’autant plus que ce médecin ne connut la gloire que dans sa localité. Depuis la publication des observations cliniques de Craven, des centaines d’essais cliniques ont testé la capacité de l’aspirine à prévenir les problèmes vasculaires. Il est dorénavant admis que l’aspirine prévient l’infarctus et les accidents vasculaires cérébraux. En 1989, cette investigation a abouti à l’étude de santé des médecins. Un essai clinique a confirmé l’hypothèse de Craven. Ce rôle prophylactique cardiovasculaire de l’aspirine sera démontré par de nombreux chercheurs dans les années 80-90 grâce à plusieurs études de grande ampleur. L’effet anti agrégant plaquettaire de l’aspirine L’athérosclérose et l’infarctus du myocarde sont aussi le résultat de processus inflammatoires et thrombotiques. Pendant l’inflammation ou la blessure, les leucocytes roulent et adhèrent aux cellules endothéliales activées qui tapissent la paroi des vaisseaux sanguins. En tant qu’antagoniste de la biosynthèse de certaines prostaglandines, médiateurs chimiques secrétés en réponse aux agressions, l’aspirine inhibe l’agrégation plaquettaire. Lorsque cette dernière est hyperactive , elle encrasse les artères et augmente le risque de phlébite, de thrombose et d’infarctus. Cette action sera mise en évidence en 1971 par le médecin pharmacologue John Vane qui reçut pour cela le prix Nobel en 1982 Les bons et mauvais côtés de l’aspirine Les bons d’abord : Lorsque la recherche mit l’aspirine en vedette en 1988, une étude montrait qu’elle réduisait de 40% les possibilités de crises cardiaques chez les patients, l’aspirine apparue comme le médicament le moins cher de l’histoire pour la prévention des crises cardiaques. Comment expliquer cela ? En plus d’être promoteur puissant de l’agrégation plaquettaire, la thromboxane A2 est aussi un des plus puissants vaso-constricteurs que l’homme ait jamais connu. Il n’est pas étonnant que, en empêchant la formation de la thromboxane A2, on empêche les problèmes circulatoires de se développer. Plus étonnant encore est l’utilisation de l’aspirine dans la prévention du cancer du côlon. Ce cancer est l’un des plus grands facteurs de décès en France. Une étude de 1991 montre qu’une utilisation régulière de l’aspirine réduit de plus de 40% le taux de décès dus au cancer du côlon autant chez l’homme que la femme. Les mauvais ensuite : Une analyse de 9 grandes études rassemblant plus de 100 000 cas vient de créer une remise en question d’une prise systématique de ce précieux médicament. Si effectivement le nombre d’infarctus est diminué de 10%, cela ne change rien en terme de mortalité par infarctus. En revanche, le nombre de complications graves en relation avec une hémorragie est trois fois plus important avec une augmentation de 30%. Autrement dit, ce que l’on gagne d’un côté est totalement perdu de l’autre. Ainsi, en fluidifiant le sang, l’aspirine prévient bien l’infarctus du myocarde mais il expose encore plus au risque de faire une hémorragie interne notamment digestive. Les explications du mécanisme thérapeutique de l’aspirine Le pharmacologue John Vane lorsqu’il étudia spécifiquement l’aspirine découvrit qu’elle inhibe la production intégrale de toutes les prostaglandines, issues d’eiconasoïdes, dont la structure fut expliquée par Sune Bergstrom. De ce fait, l’aspirine, en éliminant toutes les prostaglandines empêche le précurseur du thromboxane A2, évitant aussi la formation des thrombus mais inhibant surtout la PGE2, une prostaglandine responsable de fièvre et de douleurs. De cette façon l’organisme ne peut produire aucune prostaglandine qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Certes, il n’y a plus ni douleurs ni fièvre que les prostaglandines auraient pu générer mais, les bonnes n’étant plus au rendez-vous, le système immunitaire se trouve paralysé. En fait, si on consomme trop d’aspirine, les effets positifs du début se transforment en effets négatifs. L’acide arachidonique qui ne trouve plus son utilisation pour la fabrication des prostaglandines se transforme en leucotriènes responsables de diverses allergies. La paralysie de toute production de prostaglandines bonnes ou mauvaises c’est à la fois la force et la faiblesse de l’aspirine. Une alternative à l’utilisation de l’aspirine L’aspirine supprime pour un temps seulement votre problème de douleur, de mal de tête ou d’inflammation rhumatismale mais cela ne rétablit pas un bon équilibre qui, lui vient d’une synthèse harmonieuse des prostaglandines que le Docteur katherine Kousmine nommait de guerre (PGE2), celles qui favorisent l’inflammation , les prostaglandines de paix (PGE1), celles qui ralentissent et annulent l’inflammation et enfin celles qui jouent un rôle très positif pour la santé (PGE3) issues des Oméga 3 et qui jouent aussi un rôle à l’encontre des phénomènes inflammatoires. La précieuse vitamine F, une barrière naturelle contre les maladies actuelles Plutôt que parler d’acides gras polyinsaturés, il nous est plaisant de les appeler vitamine F comme le faisait le docteur Kousmine. Ces acides gras règlent la perméabilité des membranes cellulaires. Ils sont indispensables à la synthèse de toutes les protaglandines, de la lécithine, de la myéline, bref ce sont des régulateurs organiques incontournables. Ils s’appellent acide linolénique, linoléique, homolinolénique et arachidonique. Le besoin pour le corps est estimé à 12 /25 grammes par jour et c’est sur leur présence que l’on peut compter pour enrayer le phénomène inflammatoire chronique. Chez l’humain, une déficience chronique en vitamine F se traduit par une perméabilité anormale des tissus cellulaires, une augmentation de la soif, surtout chez les enfants, une sécheresse et une desquamation exagérée de la peau, une tendance aux allergies, aux maladies vasculaires, une baisse de résistance aux virus et bactéries, par l’apparition de tumeurs et par la manifestation d’une inflammation chronique et insidieuse… A suivre… Roland Reymondier