Vivre vieux oui, mais dans quel état ! Photo Portail National Personnes âgées – Depuis quelques décennies et le record de longévité de Jeanne Calment on a eu tendance à croire que l’espérance de vie se situait aux environs de 120 ans. On nous dit souvent que l’espérance de vie moyenne n’a cessé d’augmenter au profit des femmes. Ce n’est pas totalement impossible si on tient compte que celle-ci est calculée sur la durée de vie d’une génération, en fait celle de nos parents et grands-parents qui ont vu leur espérance de vie augmentée par la diminution de la mortalité en couche, une amélioration de l’hygiène ainsi que l’apparition de thérapies anti-infectieuses et antibiotiques. Qu’en sera-t-il pour nos descendants ? Il n’est pas certain que la longévité soit au rendez-vous pour nos enfants et petits enfants.. L’espérance de vie recule aux Etats-Unis Ainsi, depuis trois ans régulièrement on assiste à une baisse significative de la durée de vie en Amérique, un phénomène explicable par la maladie d’Alzheimer et la toxicomanie qui frappent de plus en plus de gens. Voici un rapport du 21 décembre 2017 : Un bébé né aux Etats-Unis en 2016 peut espérer vivre en moyenne jusqu’à 78,6 ans, soit une baisse de 0,1 % par rapport à 2015. Cette légère baisse peut sembler négligeable mais elle confirme une tendance entamée l’année précédente, quand l’espérance de vie a baissée de 0,1 % pour atteindre 78,8 ans. Il s’agissait alors d’une première depuis le pic de l’épidémie de sida en 1993. « C’est la première fois que l’espérance de vie diminue deux années de suite depuis les déclins de 1962 et 1963 », constata le Centre national de la statistique de la santé américain (NCHS) « Le nouveau rapport montre que la baisse de l’espérance de vie s’est produite malgré un déclin général de la mortalité américaine » En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/21/12/2017/lesechos.fr/0301056002137_l-esperance-de-vie-recule-encore-aux-etats-unis.htm#EkCtWvlOSjF7T6LP.99 Mais en France aussi …. Les faits sont là, depuis 2015 l’espérance de vie recule en France, en moyenne 0,3 ans pour la femme et 0,4 ans pour l’homme ces trois dernières années. Pourtant le discours est toujours le même « la santé des Français n’a jamais été aussi bonne parce que l’espérance de vie progresse ». C’est ne pas tenir compte que depuis quelques décennies les maladies chroniques explosent. En France, le meilleur indicateur est celui des affections de longue durée publié par la Caisse nationale d’assurance maladie. En 2015, le nombre de décès était au plus haut depuis la seconde guerre mondiale soit 600 000 personnes décédées, en fait 41 000 personnes de plus qu’en 2014. Constatons donc qu’ il y eut une baisse notable de l’espérance de vie. La pauvreté frappe à nos portes La précarité est un autre facteur qui diminue l’espérance de vie. En France, le nombre de bénéficiaires de la CMU a progressé de 50 % entre 2007 et 2011, passant de 1,4 à 2,2 millions de personnes. Or, ceux- ci sont en moins bon état de santé que le reste de la population. Ils sont 1,8 fois plus nombreux, à âge et sexe identique, à être en affections de longue durée et avec une surmortalité de 50 % par rapport au reste de la population (2,5 % contre 1,8 %). La crise sanitaire engendrée par l’explosion des maladies chroniques n’est pas spécifiquement française. Le constat en a été fait lors de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, le 20 septembre 2011, dans une déclaration votée à l’unanimité des 184 chefs d’État et de gouvernement : « Nous, chefs d’État et de gouvernement reconnaissons que le fardeau et la menace que les maladies non-transmissibles représentent à l’échelle mondiale constituent l’un des principaux défis pour le développement au XXIe siècle », défi qualifié « d’ampleur épidémique ». Margaret Chan, directrice générale de l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé), considérait à cette occasion « l’augmentation des maladies chroniques non-transmissibles comme une catastrophe imminente pour la santé, pour la société et surtout pour les économies nationales ». Nous vivons plus vieux en bonne santé ? Vaste foutaise ! A force de dire que l’espérance de vie continue à grimper, on finit tous par y croire, si bien que personne n’est préparé au choc de la régression de notre vie dans les années à venir. Notre environnement est en train de miner notre santé avec l’explosion de maladies terribles que l’on contracte lorsque l’on quitte la vie active. Il faudrait dès la gestation se préoccuper d’assurer une vieillesse viable car dès le sein de notre mère nous sommes victimes de polluants chimiques (aggravé par les 11 vaccins obligatoires !) Ce constat n’a donc cependant suscité aucune politique à la hauteur pour faire face à ce défi. En France, la récente loi santé fait l’impasse sur ce diagnostic et se contente donc d’aménager à la marge le système de soin sans s’attaquer aux causes environnementales des maladies. L’évolution des connaissances scientifiques permet de comprendre aujourd’hui que l’exposition pendant la grossesse à de multiples polluants conditionne largement l’état de santé des futurs adultes. Le livre blanc publié à l’occasion de la troisième conférence « Programmation prénatale et toxicité », organisée à Paris en mai 2012 par la Society of Toxicology, conclut : « Beaucoup des grandes maladies et des atteintes fonctionnelles dont la prévalence a augmenté substantiellement au cours des quarante dernières années apparaissent être liées pour partie à des facteurs de développement consécutifs à des déséquilibres nutritionnels ou des expositions environnementales aux substances chimiques : obésité, diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, asthme et allergies, maladies immunes et auto-immunes, maladies neuro développementales et neurodégénératives, puberté précoce et infertilité, certains types de cancer, ostéoporose, dépression, schizophrénie et sarcopénie ». Les perturbateurs endocriniens, qui sont devenus familiers depuis l’interdiction du bisphénol A dans les biberons, représentent un cas de figure de ce phénomène. Il est temps de cesser de regarder la réalité avec des lunettes roses de l’Insee. Plus largement, il faut rompre avec cette croyance que la santé se résume au système de soin, en multipliant les dépistages, afin de construire une politique de santé qui fasse de la santé environnementale une politique majeure. S’il est important de soigner les maladies, il est tout aussi important de faire en sorte qu’elles frappent le moins de monde possible. C’est un enjeu éthique, mais aussi économique et, in fine, politique. Le coût des maladies chroniques est la cause majeure de la croissance des dépenses d’assurance-maladie ce qui met en péril l’existence même du système solidaire et donc la cohésion sociale. Roland Reymondier Ecrivain, conseiller en produits de nutrition Congrès « AGIR POUR LA SANTE NATURELLE » AIX-LES-BAINS