Nelson Mandela, un homme hors du commun ! Photo-article Nouvel observateur– Nous venons d’assister à la disparition d’une personnalité qui prouva aux yeux du monde qu’on peut triompher par la foi qui soulève les montagnes. Un homme, en Afrique du Sud, fut incarcéré en 1962 parce qu’il militait pour l’abolition de l’Apartheid, forme d’esclavagisme des temps modernes. Quand il sortit de prison, trente ans plus tard, l’avenir de son pays s’en trouva bouleversé. Il réussit un immense tour de force, non seulement en devenant le premier chef d’état noir d’Afrique du Sud mais, en s’opposant à toute forme de violence pour vaincre l’inhumanité de l’ancien régime. Il fut le grand conciliateur entre les noirs et les blancs en bannissant tout esprit de revanche. Pendant trois décennies, il aurait pu s’apitoyer sur son sort, affirmer que cela était très injuste pour lui et son peuple. Toutes ces années, le régime blanc instaura des restrictions inimaginables aux noirs et l’on connu des révoltes qui furent écrasée parfois de manière sanglante comme à Soweto en 1976. Il aurait pu, comme beaucoup d’entre nous, renoncer, baisser les bras et s’enfoncer dans un désespoir sans fond qui l’aurait conduit tout droit dans la tombe. Il n’en fut rien ! Jamais il ne céda au désespoir et, bien que les années passant offraient leurs lots de restrictions inhumaines, il ne quitta des yeux cette foi en l’avenir. D’où lui venaient cette force et cette foi qui ne faiblissait jamais ? Où allait-il puiser les ressources nécessaires pour faire face à toutes les humiliations, les insultes, les brimades, les carences affectives et nutritives ? Décentré de lui-même dans la noirceur de son cachot, peut-être se confiait-il, étant croyant, à cet Ami dont parle Georges Barbarin, écrivain mal connu (voir article sur le site). Sous l’implacable soleil d’Afrique, il travaillait comme un galérien. Ses yeux ne se portaient pas sur les limitations que les circonstances lui imposaient mais sur le triomphe de son idéal. Aurait-il put « tenir » dans cet enfer s’il n’avait pas gardé les yeux fixés sur un avenir meilleur ? Peut-on douter de la force créatrice d’une pensée bien ordonnée quand on évoque la vie et l’œuvre de Nelson Mandela ? Cet homme, hors du commun, peut nous servir d’exemple lorsque, nous mêmes, nous nous sentons misérables et totalement démunis face aux crises existentielles que nous traversons. Sans en faire une icône, la meilleure façon de lui rendre hommage, c’est de pouvoir nous inspirer de lui dans notre vie quotidienne. Roland Reymondier Ecrivain aux éditions Dangles