Toxique, ma plante ?

C’est à l’exécution de Socrate que la ciguë doit sa réputation de plante vénéneuse. En 399 avant Jésus-Christ, accusé de corrompre la jeunesse, le philosophe grec fut condamné à mort. En fait, son crime était d’avoir enseigné à ses élèves la recherche de la vérité.

Le pouvoir tyrannique de l’époque s’accommodait mal de l’esprit critique chez le citoyen. Il mourut ,dit-on, en philosophe.
Cependant, à en croire Platon, la mort fut bien trop tranquille et cela ne cadre en rien avec la douloureuse agonie qu’elle provoque. Même Socrate, avec toute sa sérénité, n’aurait pu endurer de terribles souffrances sans laisser rien paraître.
Il est certain que le breuvage mortel contenait une bonne dose d’opium.

A lire Pline, les plantes vénéneuses ont été créés à l’usage des candidats au suicide.

De fait, on ne compte plus les suicides par absorption de toxiques végétaux.
Présent dans certains fruits, le cyanure est le poison idéal particulièrement efficace pour donner la mort.
En fait, quelques milligrammes de ce dernier, versés dans une boisson, suffisent pour tuer en moins d’une minute.
Dans le monde Antique, les noyaux de pêche et d’amande étaient broyés pour obtenir ce poison qui se caractérise bien par son odeur d’amande amère.

Raspoutine survit à l’empoisonnement au cyanure.

Ce mage du début du siècle dernier qui avait une si forte influence à la cour de Russie avait, dit-on, des « pouvoirs occultes ». Ses exactions n’étaient pas du goût de tout le monde. C’est pour cela que son assassinat fut soigneusement préparé.

Invité à diner, il devait consommer des gâteaux et du vin, contaminés par de fortes doses de cyanure. Raspoutine se rassasia de pâtisseries et de vins fins sans pour autant souffrir des troubles sensés arriver.
Il semblerait que les fortes doses de sucre aient pu « neutraliser » les effets de ce poison violent. Mais, avec un personnage aussi énigmatique, on ne sait jamais !

Ainsi, nombre de criminels de guerre condamnés à Nuremberg en 1946 brisèrent des capsules de cyanure qu’ils dissimulaient dans leur bouche. Notons aussi qu’Hitler disparut vraisemblablement de la même manière.

Les amoureux brisés ont malheureusement tendance à utiliser les poisons végétaux pour faire de leur désespoir une tragédie.
Quand Roméo prit le sommeil léthargique de Juliette pour la mort, il s’empoisonna à l’aconitine , un alcaloïde tiré de l’aconit que son misérable apothicaire lui avait vendu.

L’art de tuer par les poisons végétaux n’a cessé de progresser. Pour administrer la plupart des poisons, on les a mêlés de tous temps aux mets ou boissons. D’autres qui s’y prêtaient étaient inoculés par imprégnation d’une arme, d’un stylet enfoncé dans le corps.
On fabriqua des bagues dont le chaton creux contenait un poison. Hannibal en possédait une et, vaincu, prêt à être livré au Romains dans l’Antiquité, il n’eut aucune peine à mettre fin à ses jours.

Quelle jouissance morbide devait éprouver un Borgia ou un Médicis quand le sourire aux lèvres, il serrait chaleureusement les mains de l’ennemi intime à qui il avait offert ce joyau diabolique alors qu’il savait que, dans le même instant il lui instillait la mort.
Cependant, n’oublions jamais que le poison préféré des Borgia était une décoction de racine de mandragore . Lucrèce fut si experte en toxicologie qu’elle pouvait préparer des mixtures simulant toutes sortes de morts naturelles….

Il nous paraît intéressant dans un prochain article de compléter cette information sur ces poisons qui dans l’histoire ont été utilisés à partir de végétaux…Tout ce qui est naturel est bon, entend-on souvent dire, mais, ce n’est pas forcément vrai.

Acteur-Nature