Le genépi : la panacée des montagnards Gilles Corjon – Le genépi ou plutôt les genépis (on peut trouver plusieurs espèces dans l’arc alpin) sont des plantes vivaces aromatiques qui poussent sur les moraines, les éboulis et les fentes de rocher entre 2000 à 3400m d’altitude.Cette plante symbole des Alpes avec l’edelweiss est utilisée depuis l’Antiquité pour faciliter la digestion et comme stimulant. Les principales espèces que l’on trouve en Savoie, Haute Savoie, Isère et Suisse sont : – Le genépi noir ou « genépi mâle » : Artemisia genipi Weber ou Artemisia spicata : haute de 10 à 20 cm ,cette plante tomenteuse possède une inflorescence formée de capitules disposés en épi serré , compact avec 12 à 15 fleurs à corolles glabres. Très aromatique, le genépi noir appelé aussi genépi vrai est utilisé depuis le Moyen-âge contre les coups de froid en infusion. Il contient une huile essentielle très riche en thuyone , un composé neurotoxique que l’on retrouve dans certains chémotypes d’absinthe ( Artemisia absinthium). – Le genépi jaune ou blanc parfois appelé « genépi femelle »: Artemisia umbelliformis Lam ou Artemisia mutellina : se distingue de l’espèce précédente par ses feuilles inférieures et moyennes de sa tige découpées en éventail et par son inflorescence en grappe lâche étalée en tous sens. Les fleurs toutes tubuleuses sont insérées sur un réceptacle velu. Très fréquent en Isère, ce genépi est très estimé pour ses qualités aromatiques. C’est de loin l’espèce la plus facile à mettre en culture à condition de la pratiquer en altitude. – Le genépi des glaciers : Artemisia glacialis L. possède une inflorescence formée de capitules disposés à l’extrémité de la tige en tête plus ou moins arrondie et des fleurs jaune doré non velues. Moins parfumé que les espèces précédentes, il était autrefois utilisé en distillation. Sa cueillette fait aujourd’hui l’objet d’une réglementation. – Le genépi laineux : Artemisia eriantha Ten. : il se caractérise par son port robuste et sa taille généralement élevée . Il est couvert d’une abondante pilosité blanche et soyeuse. L’inflorescence échelonnée sur une grande partie de la tige est formée de capitules tous penchés d’un même côté. Cette espèce menacée est interdite de cueillette au niveau régional. De manière générale, les genépis contiennent des principes amers appartenant à la classe des lactones sesquiterpéniques fréquents chez les Astéracées, des flavonoïdes et des huiles essentielles plus ou moins riches en thuyone. Cependant, la consommation d’infusion à base de genépis ne présente pas de toxicité aux doses usuelles, car la thuyone est un composé pratiquement insoluble dans l’eau. Le genépi est un excellent remède contre les refroidissements mais il est également très employé pour les troubles digestifs tels que le manque d’appétit, les spasmes digestifs. Traditionnellement, il est utilisé sous forme de liqueur que l’on consomme en fin de repas pour favoriser la digestion des viandes grasses. Issue de longues traditions de peuples montagnards, la liqueur de génépi est aussi un gage d’amitié et de moments conviviaux. Il convient de respecter cette plante qui a su s’adapter aux conditions très dures de l’environnement de haute montagne (vents, gels, écarts de température, sols fragiles) en respectant la réglementation qui limite sa cueillette. Pour assurer le maintien des espèces il faut aussi apprendre à bien cueillir la plante : la couper avec des ciseaux pour ne pas la déterrer, ne pas prélever tous les brins d’une touffe….et encourager les producteurs locaux de genépis qui aident à la préservation des populations sauvages. RECETTE DE LA LIQUEUR DE GENEPI Laisser macérer pendant 40 jours les brins (30 à 40) d’un sachet de genépi dans un litre d’eau de vie ou d’alcool à 45° . Filtrer et ajouter à votre convenance 20 à 40 morceaux de sucre. Mettre en bouteille et consommer avec modération. ASTUCE : pour obtenir une belle couleur verte ajouter un rameau d’Arquebuse (Artemisia abrotanum) au moment de la macération. Gilles Corjon