Actualités Bien-être automne Bien-être hiver Compléments alimentaires Dépression Fiche santé pratique Herboristerie Les plantes médicinales Mieux vivre au fil des saisons Phytothérapie Plantes Recettes de santé Remèdes ancestraux Stress Thèmes Le Millepertuis : la plante du bonheur Par Gilles.Corjon Le 11 octobre 2023 Un article de Gilles Corjon, herboriste – Le millepertuis est une plante herbacée vivace commune dans toute l’Europe. Elle affectionne les endroits incultes et les coteaux secs bien exposés. Elle se reconnait à ses tiges dressées portant des feuilles opposées ovoïdes dont le limbe est piqueté de nombreuses ponctuations translucides d’où son appellation d’ herbe « aux mille trous » Les inflorescences du millepertuis (Hypericum perforatum) d’un beau jaune doré s’épanouissent au cœur de l’été. Les boutons floraux écrasés entre le pouce et l’index font apparaître une coloration rouge liée à la présence d’un suc résineux contenu dans les glandes noirâtres du calice et des pétales. Utilisations traditionnelles : Dans la tradition populaire, le millepertuis est une des plantes de la St Jean dédiée au soleil (ses étamines ressemblent à des rayons de soleil )que l’on ramasse au solstice d’été pour capter toute la force lumineuse de l’astre solaire . Une tradition très ancienne voulait que l’on suspende des brins de millepertuis au dessus de l’entrée des étables ou des peintures religieuses pour chasser les esprits malfaisants. Baptisé « Fuga demonium », le millepertuis était déjà utilisé au Moyen-âge pour soigner les états mélancoliques et différents troubles d’origine nerveuse .Ce n’est qu’à partir du XVIème siècle que la plante fut largement utilisée pour ses propriétés vulnéraires notamment pour soigner les brûlures avec le macérât huileux obtenu après exposition au soleil (« huile rouge ») ainsi que pour régulariser par voie interne les troubles de la menstruation. Constituants : Parmi les constituants majeurs on note la présence de molécules très réactives à la lumière comme les naphtodianthrones : hypéricine, pseudohypéricine en présence d’autres dérivés phénoliques comme les phloroglucinols : hyperforine et de nombreux flavonoïdes : hypéroside, quercétol, rutoside et amentoflavone. On remarquera également la présence de xanthones , des composés que l’on retrouve dans une autre famille botanique celle des Gentianacées. Propriétés reconnues : Action antidépressive par recapture synaptique de la sérotonine, de la dopamine et de la noradrénaline (neurotransmetteurs indispensables au fonctionnement du système nerveux central). Plusieurs études ont confirmé que l’action antidépressive serait la résultante d’une synergie de plusieurs composés : les xanthones ont un effet inhibiteur sur la monoamine oxydase tandis que l’hyperforine exerce un effet régulateur des taux de sérotonine par un effet direct sur la membrane neuronale. Action anti infectieuse et antivirale liée en grande partie à la présence d’hypéricine et de ses dérivés. L’action antivirale s’exerce par inhibition de la fixation et de l’entrée des virus dans les cellules hôtes. Indications usuelles : Le millepertuis est utilisé par voie orale pour soigner les états dépressifs légers à modérés, la fatigue nerveuse accompagnée de perte de motivation, les troubles chroniques du sommeil. Son effet régulateur sur la mélatonine (hormone des rythmes biologiques produite par l’épiphyse) est mis à profit pour soulager avec succès les symptômes liés à la dépression saisonnière (SAD). Il peut être recommandé pour prévenir les refroidissements hivernaux d’origine virale. Son action anti-inflammatoire pourra être bénéfique pour les troubles fonctionnels du système digestif en particulier les états inflammatoires des muqueuses gastriques et intestinales.. Par voie externe le millepertuis est recommandé principalement sous forme d’extrait lipidique pour ses propriétés anti-inflammatoires et régénératrices cutanées notamment pour les brûlures superficielles, les érythèmes solaires et certaines affections dermatologiques accompagnées de prurit. Autres usages : Son action antalgique lui offre une place de choix dans le traitement des douleurs articulaires . L’huile de macération convient particulièrement au massage de la région dorsale surtout en présence de douleurs irradiantes comme les sciatiques. Par voie interne, il peut soulager les douleurs accompagnant les règles et les migraines d’origine nerveuse associé à d’autres plantes comme l’achillée millefeuille, la matricaire ou le chardon-marie. On peut également le conseiller pour son action restructurante dans les pertes incontrôlées d’urine en association avec les racines de l’ortie piquante (Urtica dioïca). Sous quelle forme l’utiliser ? Sous forme de tisane : une cuillère à soupe de sommités séchées pour un bol d’eau , infusion 10 minutes .2 bols par jour Les formes galéniques les plus courantes sont : Les extraits hydro-alcooliques de plantes fraîches Les comprimés ou gélules d’extraits standardisés en hyperforine de préférence. Précautions d’emploi : par voie orale de nombreuses interactions médicamenteuses sont connues en raison de son action inductrice du cytochrome P450 hépatique. On déconseillera son utilisation en présence de médicaments anti-rétroviraux, de digoxine, théophylline , ciclosporine ,anticoagulants, immunosuppresseurs . Il faut veiller à ne pas associer le millepertuis à des médicaments antidépresseurs surtout de type IRS (inhibiteur de la recapture de la sérotonine). La prudence s’impose également avec la prise de pilule contraceptive et on évitera son emploi pendant la grossesse. Par voie externe surtout, il faut éviter de s’exposer au soleil si on vient d’utiliser une préparation huileuse à base de millepertuis en raison des effets photo sensibilisants de l’hypéricine. Gilles Corjon Docteur en pharmacie, herboriste Twitter Pinterest Facebook