L’Edelweiss : l’étoile des neiges Gilles Corjon – Aussi célèbre que le génépi, l’edelweiss, la reine des fleurs de nos montagnes, est utilisée comme emblème national en Suisse et en Autriche. Autrefois utilisée en médecine populaire, sa cueillette est de nos jours interdite ou réglementée selon les départements. Depuis quelques années, elle fait l’objet d’une culture spécifique en Suisse pour ses vertus « anti-âge » en cosmétologie. L’edelweiss (Leontopodium alpinum) appelé aussi étoile d’argent ou étoile des glaciers est devenue un symbole de la flore alpine. En réalité, cette plante, originaire des steppes de la Sibérie est certainement parvenue dans les Alpes aux époques glaciaires. Le nom edelweiss vient des mots allemands « edel » signifiant noble et « weiss » signifiant blanc, tandis que son nom scientifique adopté en 1784 « Leontopodon » signifie pied de lion. Entièrement couverte d’un duvet cotonneux qui emprisonne l’air, l’edelweiss est particulièrement bien adapté à l’étage alpin et nival où règnent des écarts extrêmes de température et d’humidité, une pression atmosphérique basse et des hauts niveaux de radiations UV. Elle affectionne tout particulièrement les pelouses rocailleuses ensoleillées, les fissures de rocher et tous les endroits escarpés et inaccessibles. Ce que nous prenons pour une fleur en forme d’étoile est en fait une inflorescence complexe entourée par une collerette de cinq à dix bractées d’un blanc de neige qui font penser à des pétales. Au centre, chaque petits capitules en forme de coussinet comporte une multitude de minuscules fleurs jaunâtres toutes tubuleuses. Les reflets argentés de l’edelweiss proviennent de son feutrage de poils étroitement entrelacés, mais il faut admettre que l’éclat fascinant de la plante à l’état sauvage est bien souvent perdu chez « l’edelweiss de jardin ». A ce propos il existe en Maurienne une légende que l’on racontait au cours des veillées hivernales sur l’origine de l’edelweiss : C’est au dessus des neiges éternelles que vit une dame blanche : la Reine des Neiges. Entourée de nombreux petits esprits armés de lances de cristal, elle attend désespérément le retour des jours meilleurs et son trône perdue. Malheur au chasseur ou à l’alpiniste imprudent qui d’aventure viendrait à grimper jusqu’au domaine de la Reine des Neiges. Fasciné par son regard, par son sourire et par sa couronne étincelante, il en oublie les dangers et grimpe toujours plus haut. Les petits esprits armés de lance le poussent jusqu’à ce qu’il fasse un faux pas et tombe dans un précipice. Alors la Dame blanche se met à pleurer et ses larmes tombent sur les glaciers avoisinants et roulent jusqu’aux rochers où elles se changent en edelweiss aux reflets étincelants…. USAGES TRADITIONNELS Sous forme de poudre, d’infusé ou de teinture, l’edelweiss a été utilisée en médecine populaire au Tyrol pour soigner les douleurs rhumatismales et pour stopper les diarrhées et dysenteries en raison de ses propriétés astringentes. A l’instar du génépi, la plante a aussi la réputation d’un tonique efficace pour soulager la toux et les refroidissements. En Bavière, la plante était mise en infusion dans du lait et du miel pour soigner les maux d’estomac et d’intestin. PHYTOCHIMIE ET USAGES MODERNES Des études récentes ont permis de mieux cerner les propriétés anti-infectieuses et anti-oxydantes de l’edelweiss. Parmi les composants principaux, on notera la présence de plusieurs flavonoïdes comme la lutéoline et l’apigénine que l’on trouve également dans d’autres plantes médicinales comme la camomille romaine (Anthemis nobilis) ou l’achillée millefeuille (Achillea millefolium) ; des acides phénols comme l’acide chlorogénique . L’équipe du Pr H. Stuppner de l’Université d’Innsbruck a isolé des racines plusieurs composés de nature sesquiterpéniques nommés bisabolane A et bisabolane CD qui semblent être en partie responsables de l’activité anti-inflammatoire de Leontopodium alpinum. D’autres analyses ont confirmé la présence de tanins et de composés de type phénylpropanoïdes ,de lignanes et de phytostérols comme le bêta-sitostérol. Toutes ces études viennent valider l’activité anti-oxydante (capteur de radicaux libres) et anti-inflammatoire de l’edelweiss qui peut être mis à profit notamment en cosmétologie pour protéger la peau en particulier lorsque celle-ci est exposée en milieu urbain à de nombreuses agressions ou en cas d’exposition répétée au soleil. D’autres études ont révélé que des extraits de Leontopodium alpinum avaient une activité antimicrobienne significative in vitro contre une large variété de bactéries comme Enterococcus faecium, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus ou Streptococcus pyogenes. Des propriétés antifungiques contre Aspergillus niger ont aussi été observées. UNE MISE EN CULTURE NECESSAIRE Face aux demandes croissantes des industries alimentaires , pharmaceutiques , cosmétologiques, et même pour les fleurs coupées des cultures d’edelweiss ( Leontopodium alpinum variété Helvetia) ont été mises en place depuis 1995 notamment en Suisse comme à Bruson dans le Valais. Pour en savoir plus : http://www.rts.ch/emissions/abe/1375339-edelweiss-l-etoile-d-argent-domestiquee.html