Le bouleau, un arbre légendaire Gilles Corjon – Après le chêne-roi et le raffiné hêtre au tempérament dominateur, c’est la grâce féminine du bouleau qui retiendra notre attention. Par la légèreté de son feuillage toujours mobile, par l’abondance mystérieuse de sa sève et surtout par la blancheur virginale de son tronc , le bouleau possède les attributs de la féminité. C’est son écorce , semblable à aucune autre, que l’on aperçoit dès le premier regard. Sa blancheur vient éclairer la tristesse des landes à bruyères et à genévriers où l’arbre aime pousser. Cette grâce se retrouve dans son feuillage aérien toujours en mouvement, ses rameaux flexibles et grêles ont d’ailleurs fourni pendant des siècles des verges efficaces pour les rebelles en culottes courtes d’où son surnom « d’arbre des maîtres d’écoles« . Le bouleau n’aime pas les régions méridionales, il préfère le « froid lumineux » des régions nordiques et des zones montagnardes. Peu exigeant en matière de sol, il préfère néanmoins les sols siliceux et l’humidité. Il existe de nombreuses espèces de bouleau à travers le monde , notamment en Asie et en Amérique du Nord mais en Europe on rencontre seulement 4 espèces dont deux arbres largement répandus : le bouleau verruqueux et le bouleau pubescent. Le bouleau verruqueux ( Betula pendula) se reconnaît à ses feuilles rétrécies au sommet en pointe effilée et à ses jeunes rameaux portant de nombreuses petites verrues qui sont en fait des glandes résinifères. Le bouleau pubescent (Betula pubescens) possède des rameaux plus robustes et marqués de lenticelles simples. Ces deux espèces ne se fréquentent pas beaucoup car leurs exigences écologiques sont différentes. Ainsi le bouleau pubescent est plutôt une espèce exigeante en eau que l’on trouve surtout dans les contrées marécageuses et les tourbières alors que le bouleau verruqueux dont la préférence va pour les sols siliceux légers et frais est fort exigeant en lumière et peut couvrir d’immenses étendues forestières comme en Norvège où on le trouve associé au pin sylvestre. Au point de vue « caractère » , le bouleau n’a rien de commun avec le hêtre. Il mérite son nom « d’arbre de la sagesse » . D’un naturel joyeux, le bouleau ne demande qu’à rendre service. Cette générosité s’exprime par exemple auprès d’autres arbres dont il favorise le développement comme les jeunes conifères qu’il protégera du soleil, du vent et de la neige. Ensuite, c’est pour les hommes un « médecin végétal » exceptionnel puisque ses feuilles, son écorce, sa sève et même ses bourgeons seront utilisés en thérapeutique. Pour comprendre le rôle médicinal du bouleau, il faut une observation attentive et profonde . La quête et le plaisir de la découverte des qualités d’harmonisation du monde végétal sont en eux-mêmes des sources de guérison possibles. Perdu dans notre monde d’abstractions, durci par des structures mentales et émotionnelles basées sur l’avidité, le bouleau à la ramure toujours souple peut nous apprendre une faculté en voie de disparition : le discernement entre ce qui est bénéfique à la vie et ce qui lui est néfaste. Cette éternelle jeunesse , présente dans ses rameaux flexibles et son feuillage vert tendre, semble préserver l’arbre des forces de durcissement et de sclérose . C’est pourquoi le bouleau a toujours été considéré comme l’une des plantes majeures des traitements des rhumatismes arthrosiques qui limitent le mouvement en bloquant les articulations. Une autre caractéristique de cet arbre est son comportement et son rapport avec l’eau. Elle y est fortement absorbée mais est rapidement expulsée par une « expiration » intense dans le domaine de l’air. Ce comportement est d’un point de vue analogique le propre des plantes médicinales des reins. Notez que le rein est un organe qui fait preuve lui aussi de discernement : sa tache est de percevoir exactement et à chaque instant la composition interne du courant sanguin qui le traverse pour trier ce qui doit être retenu de ce qui doit être éliminé. Si les feuilles du bouleau paraissent éternellement « printanières » c’est peut-être parce que l’arbre dépose dans son écorce tous les sels , libérant ainsi la feuille des processus alourdissant et rigidifiant de la minéralisation excessive. Cette écorce est en effet particulièrement riche en sels de potassium mais aussi en substances aromatiques comme la bétuline appelée autrefois « camphre de bouleau ». De nature triterpénique, la bétuline semble abaisser dans plusieurs études conduites sur des souris les taux de lipides sanguins, les niveaux de cholestérol et augmenter la sensibilité des récepteurs cellulaires à l’insuline. La composition particulière de cette écorce la rend à peu près imputrescible et imperméable à l’eau. Chez les peuples nordiques, elle a longtemps servi de couverture pour les toits et pour la fabrication des canoës. Les gaulois appelaient bitumen le goudron obtenu à partir de l’écorce de bouleau , ce nom est sans doute à l’origine du mot bitume… Les propriétés médicinales du bouleau peuvent être ainsi résumées: C’est un merveilleux diurétique non irritant pour les reins ( infusion des feuilles, jus de feuilles printanières, sève de bouleau). C’est un bon « dépuratif » général : c’est pourquoi il est conseillé dans tous les cas où l’élimination de substances indésirables ou impropres à la respiration cellulaire doit être stimulée: – en cure dépurative au cours des saisons de transition ( printemps et automne) – en complément d’un traitement médical dans les manifestations articulaires douloureuses ou dans les problèmes dermatologiques . – dans le cadre d’un programme visant à faire perdre un excédent pondéral. Le bouleau est également réputé pour lutter contre les lithiases rénales que ce soit sous forme d’infusé, d’extraits fluides ou sous forme de cure de sève de bouleau. Cette sève (appelée élixir de vie par les peuples nordiques) que l’on récolte au printemps au moment où la vigne jette ses larmes est aussi excellente chez les personnes ayant des taux excessifs d’acide urique au niveau sanguin et pour tous ceux qui souffrent de maladies de peau. La recette du champagne du bucheron Faire dissoudre 4kg de sucre dans environ 30 litres de sève de bouleau récoltée au printemps en pratiquant à un mètre du sol environ, un trou à la vrille profond de 2 à 5 cm dans la face du tronc de l’arbre , prendre soin de refermer l’orifice avec une cheville de bois. On réduit ce mélange d’un quart par ébullition. On écume , on filtre et on le verse dans un tonneau. On laisse refroidir et on verse environ 8 litres de vin vieux. Pour accélérer la fermentation on ajoute 3 cuillères à café de levure de bière et 3 tranches minces de citron., La fermentation opérée, on ferme le tonneau qui ne doit pas être complètement rempli. laisser en cave 4 semaines au moins . Après quoi , on le met en bouteilles en le bouchant comme du champagne. A déguster avec modération…. d’après Paul Vincent : docteur arbre 1987 éditions france-empire Voici une recette de tisane dépurative anti-rhumatismale et efficace pour éliminer l’acide urique extraite de mon ouvrage : se soigner par les plantes ( Editions Gisserot): mélanger 20g de racines de pissenlit, 15g de racines de bardane, 15g de feuilles de bouleau,15g de pensée sauvage , 20g de feuilles de frêne , 15g d’écorce de bourdaine , 20g de prêle , 30g de « baies » de genévrier et 20g de menthe. Mettre une cuillère à soupe du mélange pour un bol d’eau froide ( ou 4 cuillères à soupe pour un litre). porter à ébullition et laisser infuser 10 minutes . Faire une cure de 3 semaines à raison d’un bol le matin au lever et un bol après chaque repas. En gemmothérapie, on utilise les bourgeons de Betula pubescens et ceux de Betula pendula (= Betula verrucosa) sous forme de macérats glycérinés. Il convient de préciser que d’autres extraits sont réalisés pour Betula pubescens à partir de ses chatons , de ses radicelles et même à partir de l’écorce interne de sa racine. L’activité thérapeutique des bourgeons de bouleau en gemmothérapie se caractérise par leur effet vitalisant en particulier chez l’homme vieillissant et chez la femme ménopausée et par leur effet favorable sur les troubles de la calcification aussi bien chez les sujets âgés que chez les jeunes enfants. Des exemples d’utilisation En cas d’asthénie sexuelle, de fatigue chronique ou de sénescence masculine. L’association de ces 2 bourgeons est très favorable BETULA PUBESCENS (bouleau pubescent) QUERCUS PEDONCULATA (chêne pédonculé) 50 gouttes du complexe 1D matin et soir pendant 2 mois ou 50 à 100 gouttes de chaque par jour En cas de troubles de la calcification ou de retard de croissance chez l’enfant ou l’adolescent: ces 2 remèdes majeurs se complètent : BETULA VERRUCOSA (bouleau verruqueux) 1D 50 gouttes le matin ABIES PECTINATA (sapin pectiné) 1D 50 gouttes à midi En guise de conclusion, symbole de joie de vivre, de spontanéité, de jeunesse, de légèreté, de simplicité, de modestie et de gratitude, le bouleau est fidèle à sa légende et fait du « bon travail ». Pour les chamans sibériens, cet arbre sacré fait 4 choses: il donne la lumière au monde, il guérit les malades, il apaise les peurs et purifie le corps….A méditer Gilles Corjon